LE MONDE ECONOMIE Par Pierre Le Hir
Les centrales nucléaires françaises sont mal armées pour résister à une attaque terroriste. Et leurs piscines d’entreposage des combustibles usés sont particulièrement vulnérables. C’est l’alerte que lance Greenpeace, dans un rapport commandé à sept experts indépendants de différents pays (France, Allemagne, Royaume-Uni, Etats-Unis). Un risque qu’EDF, qui n’a pas été associée à cette étude, récuse en affirmant que ses installations « sont sûres ».
Le sujet est si sensible que l’ONG a choisi de ne rendre publique qu’une version expurgée de ce document, dont l’intégralité n’a été communiquée, mardi 10 octobre, qu’aux autorités chargées de la défense auprès du premier ministre et du ministre de la transition écologique et solidaire, ainsi qu’au Commandement spécialisé pour la sécurité nucléaire, à l’Autorité de sûreté nucléaire et à l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire.
« La question de la sécurité doit pouvoir être débattue publiquement », justifie Greenpeace. Pour autant, « il ne saurait être question de favoriser la réussite d’une éventuelle attaque en révélant d’éventuelles failles du système ».
Les experts sont partis de la nouvelle donne créée par les attentats du 11 septembre 2001. Ceux-ci ont montré qu’un parc atomique doit pouvoir résister non seulement à une catastrophe naturelle (séisme, inondation ou tempête) ou à une erreur humaine, causes des accidents de Fukushima (2011) et de Tchernobyl (1986), mais aussi à un acte de malveillance.
63 installations particulièrement exposées
Face à cette menace d’un nouveau type, les piscines de combustibles posent « un problème prioritaire », estiment les rapporteurs. Le parc nucléaire hexagonal en compte 58 – une par réacteur –, dans lesquelles sont entreposés, sous eau, les assemblages de combustibles sortis des réacteurs une fois usés. Ils y refroidissent plusieurs années, avant d’être acheminés vers les usines de retraitement d’Areva de...