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L’année  2007 sera marquée  d’une pierre noire. Les craintes que l’on pouvait éprouver concernant une catastrophe climatique viennent de se transformer en quasi- certitudes, si l’on en croit les dernières prévisions de l’organisme mondial spécialisé dans ce domaine, le GIEC.
Nul ne sait s’il faut y croire vraiment, et si on peut encore y échapper. De quoi s’agit-il?Est-ce une prévision?Une fiction ? Une provocation?

C’est pour tenter d’appréhender cette menace, trop confusément perçue, que nous essayons ici une mise en perspective.                          

 

 

 1-De quoi s’agit-il?

  

La Terre est habitable par l’homme  grâce à son enveloppe atmosphérique très stable, qui nous fournit l’oxygène de la respiration, mais aussi tempère l’ardeur du soleil qui sans elle, serait insupportable.

Chaque jour la Terre se réchauffe sous l’action du puissant rayonnement ultra-violet du soleil.

Chaque nuit elle se rafraîchit sous l’effet d’un rayonnement -bien moins vigoureux- que la Terre  échauffée émet à son tour vers l’espace dans l’infra-rouge.

Ce rayonnement en retour de la Terre est atténué  par une couche de gaz qui, à la manière d’un vêtement, empêche la chaleur de la traverser. Cette couche “garde” donc la chaleur  du sol en l’empêchant de partir dans l’espace. C’est ce qu’on appelle “l’effet de serre”

 

La couche atmosphérique,  de quelque 30 Km d’épaisseur,  souvent dite  “haute atmosphère” est constituée de plusieurs gaz essentiels à la vie terrestre, dont les principaux sont : l’Ozone(O3) qui nous protège du trop puissant rayonnement solaire, la vapeur d’eau (H2O) qui formera les nuages de la pluie, le dioxyde de carbone (CO2)rejeté par la respiration des vivants, et  le méthane( CH4) produit de fermentation des matières organiques.

Ces gaz existaient dans des proportions « naturelles » à peu près fixes, avant que l’activité économique de l’homme ne les modifie profondément par ses innombrables combustions  au sol. Circonstance très aggravante, ces gaz de combustion s’accumulent dans l’atmosphère d’année en année, sans se dissiper. Alors que la vapeur d’eau se renouvelle dans le cycle rapide que l’on connaît bien : évaporation au sol/ condensation en altitude/ pluie / nouvelle  évaporation,  le gaz le plus abondant, le CO2, s’accumule  là haut où il séjourne sans pouvoir se condenser( la température est trop élevée) et ne se réduit  qu’au fil des siècles (par les rayons cosmiques notamment ).Il forme donc une véritable “couverture” qui devient plus dense d’année en année, d’autant plus vite que les émissions du sol sont plus abondantes. Par bonheur, il n’est pas  le plus “réchauffant” c’est à dire qu’à quantité égale, il n’est pas celui qui réduit le plus  le rafraîchissement nocturne de la Terre. Malheureusement, il est aussi, et de loin, le plus abondant.

 

 

 

 

 

De là est née la première inquiétude des climaticiens pour cet effet réchauffant des gaz atmosphériques dénommés depuis “gaz à effet de serre”, en abrégé GES,  en tête desquels le dioxyde de Carbone. Il a fallu chiffrer avec quelque précision les millions de tonnes de Carbone rejetées depuis la Terre par les usines, les centrales d’énergie, les transports etc...en général toutes les combustions pour en arriver à  l’idée qu’une  augmentation générale de température sur la planète Terre était devenue une chose possible. Elle devint assez vite une chose probable”

 

Depuis, l’inventaire de l’atmosphère terrestre s’est enrichi d’autres produits anthropiques  que le CO2. Notamment le  protoxyde d’Azote(N2O) produit par les engrais azotés de l’agriculture, beaucoup moins abondant que le CO2, mais beaucoup plus “réchauffant” que lui.

Puis des gaz plus complexes et plus lourds encore, dérivés de produits pétroliers, de chlore et de fluor (halocarbures), de durée de vie exprimée en millénaires, mais par bonheur beaucoup moins abondants. L’effet de serre était devenu un tout, qu’il fallait étudier avec des méthodes scientifiques avancées et dûment organisées. C’est ainsi que fut créé  le GIEC en 1988, première  réaction universelle de l’Homme à la menace des GES.

 

Dès les premiers calculs, on put estimer qu’une  élévation de quelques degrés de la température moyenne  au sol, serait  vraisemblable avant la fin du XXI° siècle, variable selon les continents. Qu’il en  résulterait fatalement un exode de population des pays chauds vers les pays froids, plus accentué dans les régions désertiques d’Afrique, d’Amérique du Nord, d’Asie Centrale. Que l’eau des mers se dilatant  sous la chaleur, le niveau moyen des océans pourrait s’élever d’environ un demi-mètre, faisant disparaître de vastes étendues de terres fertiles. D’où des risques de sous-alimentation. Que la modification  des régimes de précipitations  bouleverserait probablement  l’approvisionnement en eau et l’irrigation de nombreuses régions agricoles. La glace pourrait disparaître de l’Océan Arctique vers le milieu du XXI° ( 2050) Les cyclones tropicaux, les typhons et ouragans  devraient s’aggraver, les précipitations croître un peu partout. Les espèces vivantes verraient leurs équilibres écologiques se modifier. Des espèces animales ou végétales pourraient disparaître, d’autres proliférer. Les productions  alimentaires seraient en baisse, dont la pêche. Des maladies et épidémies nouvelles pourraient apparaître, d’autres se faire oublier

L’évocation de ces drames possibles du vivant nous ramène immanquablement aux réalités des drames sociaux de notre époque, les génocides de la faim, la misère des peuples abandonnés, les“boat-people” au courage désespéré. Aujourd’hui encore vécus comme des fictions, ces drames pourraient constituer, pour qui réfléchit, des  signes avant-coureurs des risques lourds que pourrait encourir notre planète dans un réchauffement général, même modéré. La menace toucherait en effet la quasi-totalité des secteurs de l’économie: l’agriculture, l’élevage, la pêche, les productions d’énergie, la construction, la chimie industrielle, les  transports etc…et par contamination les services, dont le besoin pourrait  être plus grand que jamais.

C’est la perspective de cette  multiplicité de  crises, articulées entre elles, qui semble avoir  entraîné, en temps voulu espérons-le, les premières décisions mondiales de protection.

2-Qu’est-ce que le GIEC? 

Le Groupe d’experts Intergouvernemental sur l’Evolution du Climat  a été  mis en place en 1988, à la demande du G7 (groupe des  7 pays les plus riches : USA, Japon, Allemagne, France, Grande Bretagne, Canada, Italie), par l'Organisation Météorologique Mondiale et par le Programme pour l'Environnement des Nations Unies Pour éviter toute confusion, signalons aussi l’existence de l’organisme dénommé IPCC (Intergovernmental  Panel on Climate Change) qui édite en langue anglaise la version originale des travaux.

Le rôle du GIEC est "d'expertiser l'information scientifique, technique et socio-économique qui concerne le risque de changement climatique provoqué par l'homme". Il est donc extrêmement ciblé et précis. On remarquera que sa compétence ne se borne  pas à l’information scientifique, bien que celle-ci soit initialement prépondérante. Elle couvre l’étude de toutes les conséquences  du phénomène climatique  On ne s’étonnera donc pas d’y trouver, par exemple, les prévisions mondiales de recul du Produit Industriel Brut (PIB)

Comme la plupart des institutions onusiennes, le GIEC n'est pas une association de personnes physiques, mais une association d’Etats : ses membres sont des nations, non des personnes physiques. Aucun individu - et en particulier aucun  expert - ne peut être membre du GIEC "en direct" : les personnes qui siègent aux assemblées du GIEC ne font que représenter des pays membres.

L’instance suprême du GIEC est son Assemblée Générale, dans laquelle  chaque pays membre dispose d'une voix. Son exécutif est le Bureau. Ce qui signifie que le Luxembourg y a le même poids que les  Etats-Unis Autant dire qu’il n’a pas d’exécutif. En pratique, à peu près tous les pays membres des Nations Unies sont membres du GIEC avec deux exceptions singulières qui  sont Taiwan et le Vatican.

Le  GIEC est donc un organisme scientifique de prévision. Au départ même, il est surtout un organisme de compilation. Unique en son genre, il rassemble  toutes les publications scientifiques du monde entier  -des milliers chaque année- sur le thème du réchauffement climatique. Il les analyse,  les compare, auditionne les auteurs, prépare des synthèses, en un mot gère les savoirs  de manière scientifique. Il est surtout connu pour les rapports d’évaluation qu’il publie,  à raison d’un tous les 6 ans, après qu’ils  aient été avalisés par son Assemblée Générale. Le premier a été publié en 1990,  le second en  1995, le troisième en 2001. Le  quatrième(2007)est en cours de diffusion. Ces rapports sont volumineux,  de lecture difficile, même en se limitant aux résumés qui les accompagnent. Ce sont presque toujours des résumés de ces résumés que l’on peut espérer retrouver dans la presse. Son énorme documentation, dûment instruite, lui permet d’être parfaitement à jour de tous les savoirs réels ou prétendus tels, de sorte que ses détracteurs scientifiques sont très peu nombreux

Ils existent cependant, et leur critique publique, dans la presse et sur le Net notamment,  porte fatalement ombrage à l’organisme, accusé de monopolisme, d’incompétence,  de manque de rigueur, de laxisme, de prévisionnisme hasardeux, etc…”D’éminents confrères” font campagne pour obtenir sa dissolution sans délai.

Ce conflit, actuellement en phase aigüe, est assez déroutant pour le public qui ne sait plus qui croire, ni à quel saint se vouer. Il est bon de l’évoquer, sans s’en mêler. D’une part en effet, c’est évidemment au   GIEC et à lui seul qu’il appartient de répondre  à ses savants détracteurs. Il le fera sans aucun doute, et sans concession. D'autre part,  il faut savoir que la contestation publique est une pratique constante dans la communauté scientifique, où l’on considère comme un devoir moral  d’attaquer quelque thèse que ce soit si l’on n’est pas d’accord avec ses contenus, ce qui conduit à des disputes souvent acharnées, parfois historiques. Il faut donc en prendre son parti et « faire avec »  en maintenant sa confiance au responsable en charge, au cas présent le GIEC.

 

Le risque d’une erreur majeure du GIEC dans l’analyse du phénomène est d’ailleurs à peu près nul, Toutes sortes d’indices et d’innombrables enregistrements convergeant indiscutablement. Seules les prévisions pourraient s’avérer, avec le temps, plutôt   pessimistes, ou plutôt trop optimistes. Mais le sens n’en sera pas démenti, et la lutte contre l’effet de serre restera de toute manière une obligation incontournable dans la protection de la Terre.Le vrai risque est ailleurs, comme nous allons le voir, dans l’absence d’une volonté internationale commune pour réguler  les émissions terrestres de GES.

3-Le Protocole de KYOTO

L’Organisation internationale (on dit souvent” gouvernance”) sur le climat repose sur deux traités internationaux fondamentaux  : la Convention- cadre des Nations Unies sur le changement climatique (CCNUCC), entrée en vigueur le 21 mars 1994,et ratifiée à ce jour par 189 pays dont les USA et l’Australie,  et son traité “fils”, le protocole de Kyoto, entré en vigueur en février 2005, ratifié à ce jour par 156 pays à l’exception notable des USA et de l’Australie

 Par la Convention, les signataires se donnent pour objectif de “stabiliser les concentrations  de GES à un niveau qui empêche toute perturbation anthropique dangereuse du système climatique”. Concrètement, ils affichent  l’obligation de publier des inventaires de leurs émissions, d’établir, de mettre en oeuvre et de publier des programmes nationaux contenant des mesures visant à atténuer les changements climatiques. Mais les contours en sont flous, les obligations incertaines, les sanctions inexistantes. Le Protocole de Kyoto va plus loin. Il comporte des engagements absolus de réduction des émissions de CO2 pour 38 pays industrialisés, avec une réduction globale de 5,2% d’ici 2012. Ce qui est bien modeste

  Le Protocole est finalement entré en vigueur en février 2005 dans 130 pays (Etats-Unis et Australie exclus) Sa rédaction reflète profondément  la divergence entre les Etats-Unis et l’Australie d’une part, qui  ont refusé de le signer, et  tous les autres pays qui l’ont signé. Il faut cependant noter que ce refus des Etats-Unis  ne les empêche pas de procéder à de vraies réductions de leurs émissions de GES, ni de  développer des programmes ambitieux d’économies d’énergie dans certains Etats, (en Californie par exemple) ni de négocier des accords d’achats/ventes de GES avec des pays tiers. Cependant, le rejet américain est durable, car il est de caractère politique. Ce qu’il rejette, ce sont les contraintes venant des tiers, même après qu’ils en aient débattu avec eux pendant des mois jusqu’au moindre détail. L’Amérique du Président Bush considère encore aujourd’hui que participer à un programme qu’elle n’a pas elle-même lancé, constituerait  une faille dans son ambition de domination mondiale auquel elle n’a pas renoncé, même après la déconvenue irakienne. Les observateurs politiques pensent que cet obstacle ne pourra pas être politiquement franchi avant 2009, en admettant que l’opposition démocrate actuelle ait repris le pouvoir aux élections de novembre 2008.Le temps passe…..

Pourtant, d’ici là, Kyoto ne s’arrêtera pas. Les Européens, avec pas mal de courage, et un peu de malice, ont décidé d’avancer seuls si nécessaire dans la lutte contre les GES, en la conjuguant avec une politique durable d’économies d’énergie et d’investissement dans les  énergies renouvelables.

Dès mai 2002, l’Europe des 15  s’était imposée pour elle-même une réduction de 8% des émissions de GES entre 2008 et 2012. Depuis, et malgré les difficultés à tenir cet objectif, elle persévère sur des points concrets comme la précision des engagements - pour décourager  les  tricheurs-, la définition des contrôles, la préparation de “l’après 20I2”.

 

Le train est donc en marche malgré tout.. Il roulera lentement. L’inquiétude pourrait aller plus vite. Les populations pourraient presser leurs dirigeants. Les milieux d’affaires pourraient tenter de prendre les devants, tant les intérêts en jeu sont énormes. Des apprentis-sorciers pourraient déclancher la panique un peu partout. Cette situation peut devenir fragile,  difficile à maîtriser, avant même l’apparition tangible du phénomène proprement dit. Nous y prendrons garde.

LE   BUREAU DE  L’ASSOCIATION                                                                     19  avril 2007                                           

BIEN VIVRE A LA CAMPAGNE

 

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