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28 janvier 2017 6 28 /01 /janvier /2017 09:48

par Christophe Noisette

Les Faucheurs volontaires mènent une action globale, cohérente, depuis près de 15 ans. L’opposition des Faucheurs volontaires aux plantes génétiquement modifiées (PGM) ne se limite pas à la destruction des cultures. Certes, ce mouvement a détruit des parcelles de plantes transgéniques et mutées, mais il a aussi questionné les importations de soja génétiquement modifié dans les ports français, la pertinence de développer des variétés mutées tolérantes aux herbicides (VrTH) ou les choix de la recherche tant privée que publique en matière de développement agricole. La dernière action a eu lieu le 28 novembre 2016 en Côte d’Or : destruction de trois parcelles de colza génétiquement modifié par mutagénèse pour tolérer des herbicides.

Plantes mutées ou VrTH

Genius : une recherche contestée

Importation de soja OGM

28 novembre 2016, à Longvic, près de Dijon (Côte d’Or), 70 Faucheurs Volontaires ont « neutralisé » trois parcelles de colza rendu tolérant à des herbicides (VrTH) par mutagénèse. Ces essais étaient menés par le groupe agricole et agroalimentaire de Bourgogne Franche-Comté, Dijon Céréales [1]. Les Faucheurs ont ensuite livré quelques plants arrachés au siège de Dijon Céréales qui conteste la nature "OGM" de ce colza muté alors que la directive 2001/18 considère cette technique comme OGM mais l’exclut du champ d’application. La Fédération départementale des syndicats d’exploitants agricoles (FDSEA) 21 et les Jeunes agriculteurs (JA) 21 ont immédiatement réagi : « Alors que la situation économique des agriculteurs côte d’oriens est catastrophique, il est inacceptable que des individus, ne représentant qu’eux-mêmes, se permettent de tels actes de vandalisme, qui constituent une véritable atteinte à la propriété privée. (…) Ces parcelles d’essais permettent de progresser dans la réduction de l’utilisation des produits phytopharmaceutiques ». La meilleure façon de réduire les herbicides est-elle de créer des variétés spécifiquement conçues pour les « tolérer » » ? L’agriculture, estiment les Faucheurs, peut se passer entièrement de ces produits toxiques.

Les actions de désobéissance civile menées par les Faucheurs volontaires pour dénoncer les tournesols ou colzas, issus d’une mutagénèse pour les rendre tolérant aux herbicides, restent d’actualité. Pour ces opposants, ces « OGM cachés » présentent exactement les mêmes inconvénients et faiblesses que les plantes transgéniques.

Si la technique d’intervention sur le génome change, l’objectif, lui – rendre des plantes tolérantes à des herbicides – est identique. Or, estiment les opposants, cet objectif n’est pas pertinent dans un contexte agronomique et social de réduction des intrants chimiques. Ce que contredit le Centre technique interprofessionnel des oléagineux et du chanvre (Cetiom) : dans son communiqué de presse, il affirme en effet que « les expérimentations détruites entrent pleinement dans les objectifs du plan Ecophyto qui vise à réduire et raisonner le recours aux produits phytosanitaires. Ainsi, ces essais permettaient aussi de tester de nouvelles techniques de contrôle des mauvaises herbes avec l’introduction de solutions de désherbage mécanique ». André Merrien, directeur des études et recherches au Cetiom, affirme que ces colzas mutés permettent de diviser par dix les quantités d’herbicides utilisées.

Il est toujours curieux de voir que les mêmes arguments sont utilisés pour justifier chaque nouvelle « innovation technologique ». Les plantes génétiquement modifiées (PGM) transgéniques tolérant le Roundup étaient, elles aussi, censées réduire l’usage des pulvérisations. La réalité sur le continent américain est toute autre : la quantité d’herbicides pulvérisée n’a cessé d’augmenter, tout comme le nombre d’adventices ayant acquis la « tolérance » au glyphosate.

« Qui veut tuer son chien l’accuse de la rage ». Céline Imart, jeune agricultrice qui, dans une conférence filmée, prétend démonter les idées reçues sur l’agriculture, ne procède pas différemment par rapport à l’action des Faucheurs volontaires. Cette dernière affirme avec aplomb, quoique dans un français approximatif, que « les Faucheurs, ils le savent très bien - s’ils ne le savent pas c’est dramatique - que pour empêcher les OGM en France c’est pas de faucher des parcelles de la recherche publique qu’il faudrait faire mais plutôt d’aller bloquer les ports ». Soit c’est elle qui ne le sait pas très bien et alors c’est grave de parler en public de choses qu’on ne maîtrise pas, soit elle organise, à dessein, la confusion. En effet, l’action des Faucheurs volontaires est cohérente : elle vise autant les cultures, les importations que la gouvernance de la recherche publique.

2 août 2016, à Elne, près de Perpignan (Pyrénées orientales), des Faucheurs volontaires ont détruit trois hectares de tournesol rendu tolérant à un herbicide par mutagénèse (VrTH). « Depuis 2013, l’entreprise Nidera loue des terres aux agriculteurs pour y cultiver des semences de tournesols (...). Dès le printemps 2013, différentes entités opposées aux VrTH ont alerté les autorités sur la caractère nocif de ces cultures : réunions avec la Chambre d’Agriculture, le GNIS, le Conseil Général, les responsables locaux de Nidera. La population a été invitée à manifester son opposition, en plantant des graines de tournesols bio : 3000 sachets de graines ont été distribués. Malgré cela, les Faucheurs Volontaires constatent la persistance de cultures de semences de tournesols, dans l’opacité la plus totale », peut-on lire dans le communiqué de presse des Faucheurs volontaires.

Le 4 avril 2015, à la Pouëze (entre Angers et Segré), dans le Maine-et-Loire, des Faucheurs volontaires ont détruit une parcelle d’un hectare d’essais de colza rendu tolérant à un herbicide par mutagenèse, parcelle utilisée par le Groupe d’Étude et de contrôle des Variétés et des Semences (GEVES) qui est en charge de l’inscription au catalogue des nouvelles variétés commerciales.

En juillet 2014, à Longvic, en Côte d’Or, une vingtaine de Faucheurs volontaires se sont rendus sur le site de Dijon Céréales pour dénoncer l’utilisation d’un colza muté rendu tolérant à un herbicide. Le colza Clearfield a été ensemencé sur une cinquantaine d’hectares chez Dijon Céréales, précise la coopérative. Pour elle, ce colza muté répond « à des problématiques bien particulières, à savoir le développement des adventices difficiles voire impossibles à contrôler avec les moyens de lutte actuels. Ces impasses techniques auraient fini par avoir pour conséquence de limiter la culture du colza. » Ce discours ne convainc ni les Faucheurs ni les agriculteurs biologiques qui, eux, souhaitent cultiver sans intrants chimiques et considèrent que d’autres pratiques agronomiques permettent d’obtenir des résultats similaires. Le Cetiom lui-même le reconnaît : Gilles Sauzet explique sur le site Agriculture de conservation [2] que le semis direct permet de réduire la présence d’adventices. Il ajoute que dans certains cas, « sur ces grandes parcelles, on fait du colza sans désherbage depuis trois ans, avec un potentiel au moins égal... C’est fiable dans la mesure où l’on implante tôt en semis direct à très faible vitesse ».

Le même jour, des membres de la Confédération paysanne, du Groupement d’agriculture biologique 49 et du Civam s’étaient réunis devant les locaux de la coopérative agricole de Pays de Loire (CAPL), à Thouarcé, dans le Maine-et-Loire : ils contestaient la présence dans le catalogue de la coopérative d’un colza muté rendu tolérant aux herbicides, le colza Veritas CL, un OGM caché... Porte-parole des manifestants, Julien Rousselot a voulu souligner que la coopérative « a un rôle d’informations à jouer auprès de ses adhérents, en tant qu’acteur de la filière ». Ainsi, les militants demandent que soit organisé un débat entre tous les adhérents de la coopérative.

En juin 2014, en Haute Garonne, sur la commune d’Ox, des militants avaient prévu de manifester contre des parcelles de démonstration de colza Clearfield. Mais l’action a été avortée à cause de la présence des gendarmes. Quelques militants de la FDSEA étaient aussi présents, ce qui a entraîné une joute verbale sans surprise entre les deux camps : d’un côté, les plantes mutées sont une « fuite en avant scientiste » qui ne permettront pas de relever les défis alimentaires ; de l’autre, sans « ces semences à la pointe du progrès », l’agriculture française va perdre en compétitivité et « ce seront les agriculteurs américains ou asiatiques qui deviendront les maîtres de la nourriture mondiale ».

Mais les Faucheurs n’avaient pas dit leur dernier mot. Le dimanche 15 juin, ils sont retournés à Ox et ont « neutralisé neuf parcelles de Colza Génétiquement Modifié pour résister en post-levée à des herbicides habituellement utilisés sur céréales ». Ils continuent de réclamer que « ces OGM cachés soient traités avec les mêmes obligations que ceux issus de la transgenèse ». Ils appellent "les agriculteurs à ne pas céder aux mirages scientistes qui ne tiennent aucun compte de la capacité de réaction de la nature à s’adapter en développant systématiquement des résistances aux pesticides (herbicides, fongicides, insecticides, antibiotiques …) ». Pour les Faucheurs, « seules de bonnes pratiques agronomiques peuvent maintenir à un niveau acceptable les adventices et ravageurs sur le long terme ».

Dialogue de sourds : le 30 juin 2014, le ministre de l’Agriculture, Stéphane le Foll, a encore précisé sur RTL qu’ « il n’y a pas d’OGM cachés : ce sont des mutations de gènes sans qu’il y ait de gènes rapportés ». Pas d’apport de gènes, tous en conviennent, mais "OGM cachés", car c’est la directive européenne 2001/18 elle-même qui stipule que la mutagénèse produit des OGM.

Dans la nuit du 19 au 20 mai 2014, à Savarit près de Surgères, en Charente Maritime, c’est un peu plus d’un hectare de colzas mutés qui a été détruit. Il s’agissait d’une autre plateforme d’essais menée par le Cetiom qui devait, le 20 mai, organiser une visite de terrain. Dans son communiqué [3], le Cetiom souligne que ces essais s’inscrivent « dans l’agro-écologie » : « en associant au colza des couverts de légumineuses, le Cetiom cherchait à limiter l’impact des aléas climatiques (…) et réduire l’utilisation de pesticides ». Ainsi, poursuit-il, la mutagenèse « bénéficie (...) aussi bien à l’agriculture biologique que conventionnelle ». Cette communication est choquante : l’agriculture biologique interdit l’usage des herbicides de synthèse. Or ces colzas ont été génétiquement mutés afin, précisément, de tolérer ces herbicides interdits. Et si les associations de culture et les semis sous couvert sont en effet des solutions techniques intéressantes, elles n’imposent aucunement l’utilisation d’herbicides, comme l’a montré le Cetiom lui-même [4].

Le 3 avril, à Angoulême, en Charente, le « Collectif vigilance OGM et pesticide » et la Confédération paysanne ont manifesté, avec des bouquets à la main, devant les locaux de la Direction départementale du Territoire (DDT) pour dénoncer les cultures de colza génétiquement modifié par mutagénèse. Les manifestants ont demandé à son directeur de faire remonter leurs revendications aux ministères de l’Agriculture et de l’Environnement. La culture du colza muté est considérée légalement comme une culture conventionnelle : donc aucune évaluation, déclaration ou étiquetage ne sont prévus. Le collectif estime à 17 000 le nombre d’hectares cultivés en France en 2014. Le colza est une plante qui possède de nombreux cousins, sauvages ou cultivés, comme la moutarde ou les navets. Les risques de croisements, et donc de dissémination de la « tolérance » aux herbicides, sont grands. « Ce serait une catastrophe écologique » affirment les manifestants.

Le 2 avril 2014, à Fontenoy-sur-Moselle, en Meurthe et Moselle [5], les Faucheurs Volontaires ont « neutralisé » une plate-forme d’essais de colzas tolérant des herbicides. Pour eux, le Cetiom cherchait, avec ces essais en champs, à « vulgariser » cette technique auprès des agriculteurs. Le Cétiom a qualifié cet acte « d’aveugle, incompréhensible et inacceptable ». Le Cétiom affirme : « Cette technique bénéficie pourtant aussi bien à l’agriculture biologique que conventionnelle. Elle est utilisée depuis plus de 50 ans et a été largement développée par la recherche publique comme l’Inra ». Si la technique est effectivement vieille de 50 ans, les VrTH n’ont été cultivées massivement à grande échelle que depuis peu.
Le Cetiom a porté plainte et une première personne a été interrogée par la Gendarmerie. Traditionnellement, les Faucheurs remettent aux gendarmes la liste des participants. Ils avaient omis de le faire pour cette action. Le Cetiom a alors gentiment demandé cette liste et le 9 janvier 2016, une liste d’une cinquantaine de personnes a été remise à la gendarmerie de Vienne (Isère). Les Faucheurs en ont profité pour, à nouveau, souligner que les nouvelles techniques de modification du vivant « risquent de ne pas être reconnues comme produisant des OGM par la Commission européenne qui doit leur donner sur un statut juridique dans les mois qui viennent », selon Annick Bossu, citée par Reporterre [6].

Plantes mutées ou VrTH

Genius : une recherche contestée

Importation de soja OGM

28 novembre 2016, à Longvic, près de Dijon (Côte d’Or), 70 Faucheurs Volontaires ont « neutralisé » trois parcelles de colza rendu tolérant à des herbicides (VrTH) par mutagénèse. Ces essais étaient menés par le groupe agricole et agroalimentaire de Bourgogne Franche-Comté, Dijon Céréales [1]. Les Faucheurs ont ensuite livré quelques plants arrachés au siège de Dijon Céréales qui conteste la nature "OGM" de ce colza muté alors que la directive 2001/18 considère cette technique comme OGM mais l’exclut du champ d’application. La Fédération départementale des syndicats d’exploitants agricoles (FDSEA) 21 et les Jeunes agriculteurs (JA) 21 ont immédiatement réagi : « Alors que la situation économique des agriculteurs côte d’oriens est catastrophique, il est inacceptable que des individus, ne représentant qu’eux-mêmes, se permettent de tels actes de vandalisme, qui constituent une véritable atteinte à la propriété privée. (…) Ces parcelles d’essais permettent de progresser dans la réduction de l’utilisation des produits phytopharmaceutiques ». La meilleure façon de réduire les herbicides est-elle de créer des variétés spécifiquement conçues pour les « tolérer » » ? L’agriculture, estiment les Faucheurs, peut se passer entièrement de ces produits toxiques.

Les actions de désobéissance civile menées par les Faucheurs volontaires pour dénoncer les tournesols ou colzas, issus d’une mutagénèse pour les rendre tolérant aux herbicides, restent d’actualité. Pour ces opposants, ces « OGM cachés » présentent exactement les mêmes inconvénients et faiblesses que les plantes transgéniques.

Si la technique d’intervention sur le génome change, l’objectif, lui – rendre des plantes tolérantes à des herbicides – est identique. Or, estiment les opposants, cet objectif n’est pas pertinent dans un contexte agronomique et social de réduction des intrants chimiques. Ce que contredit le Centre technique interprofessionnel des oléagineux et du chanvre (Cetiom) : dans son communiqué de presse, il affirme en effet que « les expérimentations détruites entrent pleinement dans les objectifs du plan Ecophyto qui vise à réduire et raisonner le recours aux produits phytosanitaires. Ainsi, ces essais permettaient aussi de tester de nouvelles techniques de contrôle des mauvaises herbes avec l’introduction de solutions de désherbage mécanique ». André Merrien, directeur des études et recherches au Cetiom, affirme que ces colzas mutés permettent de diviser par dix les quantités d’herbicides utilisées.

Il est toujours curieux de voir que les mêmes arguments sont utilisés pour justifier chaque nouvelle « innovation technologique ». Les plantes génétiquement modifiées (PGM) transgéniques tolérant le Roundup étaient, elles aussi, censées réduire l’usage des pulvérisations. La réalité sur le continent américain est toute autre : la quantité d’herbicides pulvérisée n’a cessé d’augmenter, tout comme le nombre d’adventices ayant acquis la « tolérance » au glyphosate.

« Qui veut tuer son chien l’accuse de la rage ». Céline Imart, jeune agricultrice qui, dans une conférence filmée, prétend démonter les idées reçues sur l’agriculture, ne procède pas différemment par rapport à l’action des Faucheurs volontaires. Cette dernière affirme avec aplomb, quoique dans un français approximatif, que « les Faucheurs, ils le savent très bien - s’ils ne le savent pas c’est dramatique - que pour empêcher les OGM en France c’est pas de faucher des parcelles de la recherche publique qu’il faudrait faire mais plutôt d’aller bloquer les ports ». Soit c’est elle qui ne le sait pas très bien et alors c’est grave de parler en public de choses qu’on ne maîtrise pas, soit elle organise, à dessein, la confusion. En effet, l’action des Faucheurs volontaires est cohérente : elle vise autant les cultures, les importations que la gouvernance de la recherche publique.

2 août 2016, à Elne, près de Perpignan (Pyrénées orientales), des Faucheurs volontaires ont détruit trois hectares de tournesol rendu tolérant à un herbicide par mutagénèse (VrTH). « Depuis 2013, l’entreprise Nidera loue des terres aux agriculteurs pour y cultiver des semences de tournesols (...). Dès le printemps 2013, différentes entités opposées aux VrTH ont alerté les autorités sur la caractère nocif de ces cultures : réunions avec la Chambre d’Agriculture, le GNIS, le Conseil Général, les responsables locaux de Nidera. La population a été invitée à manifester son opposition, en plantant des graines de tournesols bio : 3000 sachets de graines ont été distribués. Malgré cela, les Faucheurs Volontaires constatent la persistance de cultures de semences de tournesols, dans l’opacité la plus totale », peut-on lire dans le communiqué de presse des Faucheurs volontaires.

Le 4 avril 2015, à la Pouëze (entre Angers et Segré), dans le Maine-et-Loire, des Faucheurs volontaires ont détruit une parcelle d’un hectare d’essais de colza rendu tolérant à un herbicide par mutagenèse, parcelle utilisée par le Groupe d’Étude et de contrôle des Variétés et des Semences (GEVES) qui est en charge de l’inscription au catalogue des nouvelles variétés commerciales.

En juillet 2014, à Longvic, en Côte d’Or, une vingtaine de Faucheurs volontaires se sont rendus sur le site de Dijon Céréales pour dénoncer l’utilisation d’un colza muté rendu tolérant à un herbicide. Le colza Clearfield a été ensemencé sur une cinquantaine d’hectares chez Dijon Céréales, précise la coopérative. Pour elle, ce colza muté répond « à des problématiques bien particulières, à savoir le développement des adventices difficiles voire impossibles à contrôler avec les moyens de lutte actuels. Ces impasses techniques auraient fini par avoir pour conséquence de limiter la culture du colza. » Ce discours ne convainc ni les Faucheurs ni les agriculteurs biologiques qui, eux, souhaitent cultiver sans intrants chimiques et considèrent que d’autres pratiques agronomiques permettent d’obtenir des résultats similaires. Le Cetiom lui-même le reconnaît : Gilles Sauzet explique sur le site Agriculture de conservation [2] que le semis direct permet de réduire la présence d’adventices. Il ajoute que dans certains cas, « sur ces grandes parcelles, on fait du colza sans désherbage depuis trois ans, avec un potentiel au moins égal... C’est fiable dans la mesure où l’on implante tôt en semis direct à très faible vitesse ».

Le même jour, des membres de la Confédération paysanne, du Groupement d’agriculture biologique 49 et du Civam s’étaient réunis devant les locaux de la coopérative agricole de Pays de Loire (CAPL), à Thouarcé, dans le Maine-et-Loire : ils contestaient la présence dans le catalogue de la coopérative d’un colza muté rendu tolérant aux herbicides, le colza Veritas CL, un OGM caché... Porte-parole des manifestants, Julien Rousselot a voulu souligner que la coopérative « a un rôle d’informations à jouer auprès de ses adhérents, en tant qu’acteur de la filière ». Ainsi, les militants demandent que soit organisé un débat entre tous les adhérents de la coopérative.

En juin 2014, en Haute Garonne, sur la commune d’Ox, des militants avaient prévu de manifester contre des parcelles de démonstration de colza Clearfield. Mais l’action a été avortée à cause de la présence des gendarmes. Quelques militants de la FDSEA étaient aussi présents, ce qui a entraîné une joute verbale sans surprise entre les deux camps : d’un côté, les plantes mutées sont une « fuite en avant scientiste » qui ne permettront pas de relever les défis alimentaires ; de l’autre, sans « ces semences à la pointe du progrès », l’agriculture française va perdre en compétitivité et « ce seront les agriculteurs américains ou asiatiques qui deviendront les maîtres de la nourriture mondiale ».

Mais les Faucheurs n’avaient pas dit leur dernier mot. Le dimanche 15 juin, ils sont retournés à Ox et ont « neutralisé neuf parcelles de Colza Génétiquement Modifié pour résister en post-levée à des herbicides habituellement utilisés sur céréales ». Ils continuent de réclamer que « ces OGM cachés soient traités avec les mêmes obligations que ceux issus de la transgenèse ». Ils appellent "les agriculteurs à ne pas céder aux mirages scientistes qui ne tiennent aucun compte de la capacité de réaction de la nature à s’adapter en développant systématiquement des résistances aux pesticides (herbicides, fongicides, insecticides, antibiotiques …) ». Pour les Faucheurs, « seules de bonnes pratiques agronomiques peuvent maintenir à un niveau acceptable les adventices et ravageurs sur le long terme ».

Dialogue de sourds : le 30 juin 2014, le ministre de l’Agriculture, Stéphane le Foll, a encore précisé sur RTL qu’ « il n’y a pas d’OGM cachés : ce sont des mutations de gènes sans qu’il y ait de gènes rapportés ». Pas d’apport de gènes, tous en conviennent, mais "OGM cachés", car c’est la directive européenne 2001/18 elle-même qui stipule que la mutagénèse produit des OGM.

Dans la nuit du 19 au 20 mai 2014, à Savarit près de Surgères, en Charente Maritime, c’est un peu plus d’un hectare de colzas mutés qui a été détruit. Il s’agissait d’une autre plateforme d’essais menée par le Cetiom qui devait, le 20 mai, organiser une visite de terrain. Dans son communiqué [3], le Cetiom souligne que ces essais s’inscrivent « dans l’agro-écologie » : « en associant au colza des couverts de légumineuses, le Cetiom cherchait à limiter l’impact des aléas climatiques (…) et réduire l’utilisation de pesticides ». Ainsi, poursuit-il, la mutagenèse « bénéficie (...) aussi bien à l’agriculture biologique que conventionnelle ». Cette communication est choquante : l’agriculture biologique interdit l’usage des herbicides de synthèse. Or ces colzas ont été génétiquement mutés afin, précisément, de tolérer ces herbicides interdits. Et si les associations de culture et les semis sous couvert sont en effet des solutions techniques intéressantes, elles n’imposent aucunement l’utilisation d’herbicides, comme l’a montré le Cetiom lui-même [4].

Le 3 avril, à Angoulême, en Charente, le « Collectif vigilance OGM et pesticide » et la Confédération paysanne ont manifesté, avec des bouquets à la main, devant les locaux de la Direction départementale du Territoire (DDT) pour dénoncer les cultures de colza génétiquement modifié par mutagénèse. Les manifestants ont demandé à son directeur de faire remonter leurs revendications aux ministères de l’Agriculture et de l’Environnement. La culture du colza muté est considérée légalement comme une culture conventionnelle : donc aucune évaluation, déclaration ou étiquetage ne sont prévus. Le collectif estime à 17 000 le nombre d’hectares cultivés en France en 2014. Le colza est une plante qui possède de nombreux cousins, sauvages ou cultivés, comme la moutarde ou les navets. Les risques de croisements, et donc de dissémination de la « tolérance » aux herbicides, sont grands. « Ce serait une catastrophe écologique » affirment les manifestants.

Le 2 avril 2014, à Fontenoy-sur-Moselle, en Meurthe et Moselle [5], les Faucheurs Volontaires ont « neutralisé » une plate-forme d’essais de colzas tolérant des herbicides. Pour eux, le Cetiom cherchait, avec ces essais en champs, à « vulgariser » cette technique auprès des agriculteurs. Le Cétiom a qualifié cet acte « d’aveugle, incompréhensible et inacceptable ». Le Cétiom affirme : « Cette technique bénéficie pourtant aussi bien à l’agriculture biologique que conventionnelle. Elle est utilisée depuis plus de 50 ans et a été largement développée par la recherche publique comme l’Inra ». Si la technique est effectivement vieille de 50 ans, les VrTH n’ont été cultivées massivement à grande échelle que depuis peu.
Le Cetiom a porté plainte et une première personne a été interrogée par la Gendarmerie. Traditionnellement, les Faucheurs remettent aux gendarmes la liste des participants. Ils avaient omis de le faire pour cette action. Le Cetiom a alors gentiment demandé cette liste et le 9 janvier 2016, une liste d’une cinquantaine de personnes a été remise à la gendarmerie de Vienne (Isère). Les Faucheurs en ont profité pour, à nouveau, souligner que les nouvelles techniques de modification du vivant « risquent de ne pas être reconnues comme produisant des OGM par la Commission européenne qui doit leur donner sur un statut juridique dans les mois qui viennent », selon Annick Bossu, citée par Reporterre [6].

 

 

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21 mars 2015 6 21 /03 /mars /2015 11:32

OGM

UE : chaque État pourra-t-il vraiment interdire les OGM ?

Pauline VERRIERE, février 2015

 


C’est un chantier vieux de plus de quatre ans qui vient enfin d’être conclu : le 13 janvier 2015, le Parlement européen a définitivement voté une modification de la directive

2001/18 qui ajoute une possibilité pour les États membres d’interdire sur tout ou partie

de son territoire la culture d’OGM. Si ce vote met un terme à de nombreux débats autour de cette procédure, il soulève néanmoins des questionnements et des mécontentements.

 

En savoir plus

Quels sont les pays de l’UE qui ont adopté un moratoire sur les OGM ?

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20 avril 2014 7 20 /04 /avril /2014 20:17

Greenpeace

 

Mise à jour du 16 avril 2014, 16h20 – Le cabinet de M. Stéphane Le Foll a pris contact avec Greenpeace pour avoir plus de renseignements et mener son enquête,

en lien avec la répression des fraudes. Nous resterons vigilants quant aux suites de

cette affaire.

Six OGM différents ont été détectés dans des semences de maïs “certifiées sans OGM” vendues en France en 2013 et 2014 par le semencier espagnol Semillas Fitó ! Une situation inacceptable que nous dénonçons, alors que la loi sur l’interdiction

du maïs OGM en France est en débat cet après-midi même à l’Assemblée nationale.

 

 

Six OGM détectés dans des semences de maïs “certifiées sans OGM”

Nous avons fait tester par le laboratoire indépendant Eurofins, 3 échantillons aléatoires de semences de maïs d’environ 3 kilos, commercialisés en 2013 et 2014.

Le laboratoire y a détecté les OGM suivants :

- 3 OGM différents dans l’échantillon de maïs ORDINO de 2014 : les TC1507, MIR604 et DAS-59122 ;

- 6 OGM différents dans l’échantillon de maïs ORDINO de 2013 : les MON810, MON863, NK603, TC1507, MON88017, DAS-59122 ;

- 2 OGM différents, dans l’échantillon de maïs TAUSTE de 2013 : les TC1507, DAS-59122.

 

Des agriculteurs français floués

Ces OGM ont été vendus, semés et cultivés dans les champs, on ne sait où en France, à l’insu d’agriculteurs qui ne souhaitaient pas planter d’OGM ! Ils ont été trompés par ce semencier, et ce maïs contenant des OGM se retrouve donc potentiellement dans notre alimentation.

Notre demande est claire : les semences de maïs incriminées doivent être immédiatement retirées du marché, le gouvernement doit mettre en place de réelles mesures de contrôle, et sanctionner sévèrement les infractions à ces règles.

Nous le répétons : la coexistence entre cultures OGM et non- – OGM est impossible !

La loi interdisant la culture de maïs OGM en France, en débat cet après-midi à l’assemblée nationale, est à la fois une nécessité et une urgence. Mais cette loi ne sera pas suffisante : pour lutter efficacement contre les OGM, la France doit agir au niveau européen pour renforcer l’évaluation des OGM et s’assurer qu’elle prenne en compte l’ensemble des impacts sanitaires à long terme, environnementaux et socio-économiques.

Les semenciers sont manipulateurs et peu scrupuleux. En effet, dans certains cas comme au Brésil, les semenciers et lobbies pro – OGM ont introduit ces cultures dans les champs, contaminant les cultures alentour, et utilisant la contamination pour obtenir, de fait, l’autorisation de mise en culture ! S’agit-il d’une manœuvre de plus des semenciers et lobbies pro-OGM pour les faire entrer coûte que coûte les OGM dans

les pays qui n’en veulent pas ?

Nous refusons cette fatalité ! Et nous vous donnons le pouvoir de dire non en commençant par interpeller les marques qui utilisent encore des OGM dans la fabrication de leurs produits !

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27 février 2014 4 27 /02 /février /2014 16:40

OGM

lemonde.fr

 

Paris - La commission du développement durable de l'Assemblée nationale a adopté mercredi la proposition de loi socialiste interdisant la culture du maïs transgénique en France, qui sera débattue le 10 avril dans l'hémicycle.

Socialistes, écologistes et UDI ont voté pour tandis que l'UMP s'est abstenue.

Ce texte est identique à une proposition de loi du sénateur socialiste Alain Fauconnier rejetée le 17 février par le Sénat. Le gouvernement et la majorité mènent ensemble une course de vitesse pour interdire le maïs transgénique avant la période des semis, en particulier le MON810 que certains producteurs veulent planter.

La proposition de loi a pour but de sécuriser juridiquement l'interdiction du maïs MON 810, mais va au-delà car elle stipule que «la mise en culture des variétés de maïs génétiquement modifié est interdite». Pour marquer ce caractère général, la commission a d'ailleurs retiré du titre la référence au seul maïs MON810 qui y figurait.

Elle a en revanche repoussé un amendement des écologistes, tiré d'une proposition de loi qu'ils avaient déposé de leur côté, visant toutes les plantes génétiquement modifiées et pas seulement le maïs.

Le Conseil d’État a annulé l'été dernier un arrêté d'interdiction, datant de 2011, du MON 810 produit par le groupe américain Monsanto, et dont le renouvellement d'autorisation est en cours d'examen par l'Union européenne. Les États de l'UE ont en effet la possibilité d'interdire sur leur territoire un OGM autorisé par l'Union européenne.

Il s'agit aussi d'interdire par avance le maïs TC1507 (Pioneer-Dupont), qui pourrait être autorisé par l'UE: si les États ont été majoritairement opposés à ce feu vert, ils n'ont pas atteint la majorité qualifiée, ce qui a relancé le débat sur le mécanisme européen d'autorisation des OGM.

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21 décembre 2013 6 21 /12 /décembre /2013 21:33

OGM

De : marie GUENNEAU <revue_presse@cyberacteurs.org>

 

AGRICULTURE - OGM – RECHERCHE-SANTE

«Les maladies chroniques, la nouvelle crise écologique» 
http://www.liberation.fr/terre/2013/12/12/les-maladies-chroniques-la-nouvelle-crise-ecologique_966083  

« Réforme européenne : les députés européens préparent une nouvelle réglementation pour les semences » (03/12/2013)
http://www.semencespaysannes.org/communiques_de_presse_115.php  

« La biodiversité mise sous contrôle pour ouvrir le marché aux brevets. Règlement Européen sur les semences » (27/05/2013)
http://www.legrandsoir.info/reglement-europeen-sur-les-semences.html  

« UE : une législation « semences » en pleine évolution » (09/2013)
http://www.infogm.org/spip.php?article5537  

« Brevet unitaire européen : quels impacts sur les semences ? » (08/2012)
http://www.infogm.org/spip.php?article5184  

dans une étude, la fondation l'Abbé Pierre montre qu'avec 1 € dépensé dans la rénovation thermique du batiment des plus démunis, on pourrait économiser 0.42€ de cout de santé public!
http://www.enerzine.com/14/16685+la-privation-de-chauffage-aggrave-la-sante-des-menages-precaires+.html  

L'heure de la revanche pour les lanceurs d'alerte
http://www.lemonde.fr/technologies/article/2013/12/11/l-heure-de-la-revanche-pour-les-lanceurs-d-alerte_3529000_651865.html  

Qualité de l'air intérieur : publication des résultats du programme Primequal
http://www.actu-environnement.com/ae/news/publication-ademe-qualite-air-interieur-primequal-20229.php4#xtor=ES-6  

OGM: la justice européenne relance le débat sur l'autorisation
http://www.20minutes.fr/planete/1263273-20131213-ogm-justice-europeenne-relance-debat-autorisation  

Du saumon OGM bientôt dans notre assiette ? Il n'y a pas lieu de s'en réjouir
http://leplus.nouvelobs.com/contribution/1068972-du-saumon-ogm-bientot-dans-notre-assiette-il-n-y-a-pas-lieu-de-s-en-rejouir.html  

Fêtes de fin d’année : vous reprendrez bien un peu... d’OGM ?
http://www.infogm.org/spip.php?article5571  

Les Etats-Unis accusent trois Chinois d'espionnage industriel dans les OGM
http://www.dhnet.be/dernieres-depeches/afp/les-etats-unis-accusent-trois-chinois-d-espionnage-industriel-dans-les-ogm-52acf6b935701baedaa0f391  

Petits paysans africains contre Ogm
http://centpapiers.com/?p=154252  

Un soja OGM « sain » : la nouvelle idée de Monsanto et DuPont
http://www.lemonde.fr/planete/article/2013/12/13/un-soja-ogm-sain-la-nouvelle-idee-de-monsanto-et-dupont_4333447_3244.html  

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23 novembre 2013 6 23 /11 /novembre /2013 10:57

 

HugueDomains.com

 

"C’est scandaleux. Le Téléthon rapporte chaque année autant que le budget de fonctionnement de l’Inserm tout entier. Les gens croient qu’ils donnent de l’argent pour soigner. Or la thérapie génique n’est pas efficace. Si les gens savaient que leur argent

va d’abord servir à financer des publications scientifiques, voire la prise de brevets

par quelques entreprises, puis à éliminer des embryons présentant certains gènes déficients, ils changeraient d’avis. Le professeur Marc Peschanski, l’un des artisans de cette thérapie génique, a déclaré qu’on fait fausse route. On progresse dans le diagnostic, mais pas pour guérir. De plus, si on progresse techniquement, on ne comprend pas mieux

la complexité du vivant. Faute de pouvoir guérir les vraies maladies, on va chercher à les découvrir en amont, avant qu’elles ne se manifestent.

Cela permettra une mainmise absolue sur l’homme, sur une certaine définition de l’homme" : Jacques Testard, directeur de recherche à l’Institut national de la santé et

de la recherche médicale (Inserm), spécialiste en biologie de la reproduction,

"père scientifique" du premier bébé éprouvette français,

et auteur de plusieurs essais témoignant de son engagement pour "une science contenue dans les limites de la dignité humaine", dans une interview accordée à Médecines-Douces.com. Testard écrit aussi sur son blog : "Les OGM sont disséminés sans nécessité puisqu’ils n’ont pas démontré leur potentiel et présentent des risques réels pour l’environnement, la santé et l’économie. Ils ne sont donc que des avatars de l’agriculture intensive qui permettent aux industriels de faire fructifier les brevets sur le vivant.

Au contraire, les essais thérapeutiques sur les humains sont justifiés quand ils sont la seule chance, même minime, de sauver une vie. Mais il est contraire à l’éthique

scientifique (et médicale) de faire miroiter des succès imminents des uns ou des autres.

Malgré la persistance des échecs, les tenants de la thérapie génique (qui sont souvent

les mêmes que ceux des OGM) affirment que « ça va finir par marcher  », et ont su créer

une telle attente sociale que la « mystique du gène » s’impose partout, jusque dans l’imaginaire de chacun. Le succès constant du Téléthon démontre cet effet puisqu’à coups de promesses toujours réitérées, et grâce à la complicité de personnalités médiatiques et scientifiques, cette opération recueille des dons dont le montant avoisine celui du budget de fonctionnement de toute la recherche médicale en France.

Cette manne affecte dramatiquement la recherche en biologie puisque le lobby de l’ADN dispose alors du quasi monopole des moyens financiers (crédits publics, industriels, et caritatifs) et intellectuels (focalisation des revues, congrès, contrats, accaparement

des étudiants…). Alors, la plupart des autres recherches se retrouvent gravement paupérisées - une conséquence qui paraît échapper aux généreux donateurs de cette énorme opération caritative…"

Dernière citation pour la route, extraite de l’ouvrage de Testard, Le vélo, le mur et le citoyen : "Technoscience et mystification : le téléthon. Depuis bientôt deux décennies, deux jours de programme d’une télévision publique sont exclusivement réservés chaque année à une opération remarquablement orchestrée, à laquelle contribuent tous les autres médias : le Téléthon. Ainsi, des pathologies, certes dramatiques mais qui concernent fort heureusement assez peu de personnes (deux ou trois fois moins que la seule trisomie 21 par exemple), mobilisent davantage la population et recueillent infiniment plus d’argent que des maladies tout aussi terribles et cent ou mille fois plus fréquentes. On pourrait ne voir là que le succès mérité d’un lobbying efficace, et conseiller à toutes les victimes de toutes les maladies de s’organiser pour faire aussi bien. Ce serait omettre, par exemple, que :

 - le potentiel caritatif n’est pas illimité. Ce que l’on donne aujourd’hui contre les myopathies, on ne le donnera pas demain contre le paludisme (2 millions de morts chaque année, presque tous en Afrique) ;

 - presque la moitié des sommes recueillies (qui sont équivalentes au budget de fonctionnement annuel de toute la recherche médicale française) alimentent d’innombrables laboratoires dont elles influencent fortement les orientations.

Ainsi, contribuer à la suprématie financière de l’Association française contre les myopathies (l’AFM, qui recueille et redistribue à sa guise les fonds collectés),

c’est aussi et surtout empêcher les chercheurs (statutaires pour la plupart, et donc

payés par l’État, mais aussi thésards et, surtout, post-doctorants vivant sur des financements de l’AFM, forcément fléchés) de contribuer à lutter contre d’autres pathologies, ou d’ouvrir de nouvelles pistes ;

 - il ne suffit pas de disposer des moyens financiers pour guérir toutes les pathologies. Laisser croire à cette toute puissance de la médecine, comme le fait le Téléthon, c’est tromper les malades et leurs familles ;

 - après vingt ans de promesses, la thérapie génique, ne semble plus être une stratégie compétente pour guérir la plupart des maladies génétiques ;

- lorsque des sommes aussi importantes sont recueillies, et induisent de telles conséquences, leur usage mériterait d’être décidé par un conseil scientifique et social

qui ne soit pas inféodé à l’organisme qui les collecte.

Mais comment aussi ne pas s’interroger sur le contenu magique d’une opération où des gens, allumés par la foi scientifique, courent jusqu’à l’épuisement ou font nager leur chien dans la piscine municipale... pour "vaincre la myopathie" ? Au bout de la technoscience, pointent les oracles et les sacrifices de temps qu’on croyait révolus..."

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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10 novembre 2013 7 10 /11 /novembre /2013 09:15
Un deuxième maïs OGM sur le point d'être autorisé malgré des impacts potentiels sur l'environnement

Christophe NOISETTE, Eric MEUNIER, novembre 2013

 

 

Le 6 novembre 2013 [1], la Commission européenne a annoncé qu'elle allait proposer « dans les mois qui viennent » au Conseil des ministres de l'Environnement d'autoriser

la culture du maïs TC1507 de Pioneer [2], malgré des impacts probables sur l'environnement reconnus par l'Autorité européenne de sécurité des aliments (AESA).

La Commission aurait pu, légitimement et légalement, soumettre aux États membres une proposition de rejet de la demande de Pioneer, notamment au regard de l'avis mitigé de l'AESA. Elle a préféré rester sur la proposition qu'elle avait déjà faite en 2009...

Ainsi, la probabilité que cette propositio n aboutisse à une autorisation de ce maïs GM

à la culture est grande. En effet, jusqu'à présent, les États membres n'ont jamais réussi

à dégager une majorité qualifiée pour accepter ou refuser une proposition d'autorisation présentée par la Commission européenne. Or, ce maïs étant dans les tuyaux de la Commission depuis 2001, c'est l'ancienne procédure de comitologie qui s'applique : la Commission, dans ce cadre, a obligation de valider sa propre proposition... et donc autorisera ce maïs GM à la culture.
Cependant, cette autorisation ne devrait pas changer grand chose : les PGM n'intéressent que très peu les agriculteurs européens, à l'exception de l'Espagne. Et les consommateurs, eux, sont toujours aussi réticents. Mais en l'absence d'une clause de sauvegarde sur ce maïs, les agriculteurs français pourront dès 2014 cultiver ce maïs, en plus de celui déjà autorisé depuis 1998, le fameux MON810... Le gouvernement s'est engagé à reprendre des mesures d'interdiction sur le MON810 : va-t-il aussi en prendre une pour ce nouvel OGM bientôt autorisé à la culture ?

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19 mai 2013 7 19 /05 /mai /2013 19:36

Par Sophie Amsili

 

 

Un saumon transgénique destiné à l'alimentation humaine pourrait en effet être autorisé aux Etats-Unis.

Une première. Une nouvelle étape pourrait être franchie dans le développement des organismes génétiquement modifiés (OGM). Un saumon transgénique pourrait en effet être autorisé aux Etats-Unis, près de vingt ans après la mise sur le marché des premiers végétaux génétiquement modifiés. Alors que les consultations publiques ont pris fin il y a quelques jours, la Food and Drug administration (FDA), l'autorité sanitaire américaine, doit donner son aval définitif. En cas de feu vert, ce serait le premier animal transgénique destiné à l'alimentation humaine, ouvrant la voie à d'autres espèces modifiées.

>> A lire : OGM : l'Europe gèle les autorisations

Un saumon qui grandit plus vite. Développé par la société AquaBounty, ce saumon modifié a été baptisé AquAdvantage. Son patrimoine génétique ? Essentiellement celui

du saumon de l'Atlantique auquel a été ajouté un gène d'un saumon chinook (ou saumon royal), une espèce pêchée dans l'océan Pacifique Nord. Cette modification permet au saumon modifié d’atteindre sa taille adulte en deux fois moins de temps que ses cousins non modifiés, explique la firme AquaBounty sur son site, photo à l'appui.

 

Quels risques ? Dans de premiers avis, les autorités sanitaires américaines ont estimé que le poisson modifié était "sans risque pour la sécurité alimentaire" et que son impact sur l'environnement aux Etats-Unis serait "peu significatif".

AquaBounty met de son côté en avant les précautions prises pour que les saumons

modifiés ne se reproduisent pas avec d'autres espèces : tous les poissons élevés par

la société sont des femelles et sont stériles. Elles sont, de plus, retenues dans des

bassins fermés.

Appels au boycott. Après dix-sept ans de négociations avec les autorités américaines, AquaBounty se montre optimiste : "Nous devrions obtenir le feu vert avant la fin de l'année", espère le PDG, Ronald Stotish, cité par le site des Echos. Mais alors que des associations de consommateurs appellent au boycott, plusieurs distributeurs ont prévenu qu'elles refuseraient de vendre le poisson, d'après le New York Times. Ces chaînes de supermarchés, dont Whole Foods et Aldi, représentent ensemble 2.000 magasins aux Etats-Unis, loin derrière les 4.600 magasins que, par exemple, le géant Wal-Mart possède à lui seul sur le territoire américain. Surtout, les distributeurs comme les consommateurs pourraient bien ne pas avoir le choix : la mention OGM ne sera en effet pas obligatoire sur les emballages de ces saumons.

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19 mai 2013 7 19 /05 /mai /2013 19:24

Planète

 

WASHINGTON - Brevets: Monsanto l'emporte devant la Cour suprême face à un petit fermier

 

 

WASHINGTON - La Cour suprême des Etats-Unis a sans grande surprise donné raison lundi au géant américain de l'agrochimie Monsanto, dans un litige qui l'opposait à un petit fermier de l'Indiana (nord), accusé d'avoir enfreint ses brevets dans l'utilisation des graines de soja transgéniques.

La plus haute juridiction du pays n'a pas délibéré longtemps. Moins de trois mois après l'audience du 19 février, les neuf juges ont rendu une décision unanime en faveur du puissant Monsanto, qui réclamait 85.000 dollars à un producteur de soja de 75 ans, Vernon Hugh Bowman, dont l'avocat avait souligné la «situation désespérée».

Cet agriculteur était poursuivi par Monsanto pour avoir replanté et cultivé des graines de soja modifiées génétiquement pour résister à l'herbicide que le géant produit également.

L'herbicide Monsanto Roundup tue toutes les mauvaises herbes mais épargne les semences dont les gènes ont été préalablement transformés.

L'agriculteur avait signé un contrat d'utilisation qui lui interdisait de conserver et de réutiliser ces semences après la récolte, afin de garantir l'achat de nouvelles semences chaque année.

«Je n'ai rien fait de mal», avait-il déclaré.

Ce n'est pourtant pas l'avis de la haute Cour qui a confirmé la condamnation du fermier. La protection intellectuelle «ne permet pas à un agriculteur de reproduire des graines brevetées en les plantant et en les récoltant, sans détenir une permission du propriétaire du brevet», a-t-elle tranché, dans son bref arrêt lu par la juge progressiste Elena Kagan.

«Après avoir acheté des semences pour une seule récolte, Bowman en a gardées suffisamment chaque année pour réduire et éliminer la nécessité d'en acheter davantage. Monsanto détient toujours son brevet mais n'a reçu aucune rétribution pour la production annuelle de Bowman et la vente de semences traitées au Roundup», ajoute la Cour.

Le cultivateur affirmait avoir toujours respecté son contrat avec Monsanto, en achetant de nouvelles semences OGM chaque année pour sa culture primaire. Mais à partir de 1999, pour faire des économies, il avait acheté d'autres semences auprès d'un producteur local et les avait plantées pour une moisson distincte. S'apercevant que ces semences avaient développé une résistance à l'herbicide par contamination avec le champ

de graines transgéniques, il avait alors répété l'opération de 2000 à 2007.

«La décision de la Cour aujourd'hui affirme que les principes de longue date de la loi

sur les brevets s'appliquent aux technologies capitales du XXIe siècle vitales pour la demande grandissante de notre planète et de ses peuples», s'est félicité le vice-président de Monsanto, David Snively. «Elle donne aussi l'assurance à tous les inventeurs des secteurs public et privé qu'ils peuvent et doivent continuer à investir dans l'innovation».

Monsanto était soutenu par le gouvernement américain.

«Si le simple fait de copier était autorisé, alors un brevet perdrait toute sa valeur

dès la première vente», a estimé la haute Cour, «le monopole du brevet ne serait valable non pas 20 ans (comme la loi le permet) mais pour une seule transaction.

Et cela résulterait en une baisse d'incitation à l'innovation».

La Haute Cour a cependant sciemment «limité» sa décision à l'industrie agro-alimentaire même si elle «reconnaît que ces inventions deviennent de plus en plus répandues, complexes et diverses».

«Cela ouvre la possibilité que ce cas s'applique à d'autres technologies qui peuvent se copier», a déclaré à l'AFP l'expert Michael Ward, spécialiste des brevets.

«Quand la reproduction n'est pas commise par inadvertance, qu'elle n'est pas indispensable mais seulement imprévue, alors cette décision pourrait s'appliquer».

 

 

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1 mai 2013 3 01 /05 /mai /2013 17:16

OGM

www.notreterre.org

par Jérome

 

On soupçonnait déjà que la perte de la fertilité était au nombre des graves 
dégâts occasionnés, une étude récente va dans ce sens. Une étude qui, si elle n'est
pas étouffée, pourrait avoir un grand impact sur les décisions à prendre à l'avenir!
 

En 2009, près de 3% des terres agricoles étaient couvertes d'OGM avec

134 millions d'hectares, selon l'ISAAA, qui, chaque année, fait état des cultures

des plantes transgéniques dans le monde. Et le dossier des OGM alimentaires -

dont de très nombreuses pages restent encore floues à ce jour - pourrait bien

s'alourdir prochainement alors qu'une nouvelle pièce en provenance de Russie est sur

le point d'y être ajoutée. 

 

Celle-ci prend la forme d'une étude, dont les résultats les plus frappants viennent

d'être présentés à la presse en Russie dans le cadre de l'ouverture dans ce pays

des Journées de Défense contre les Risques Environnementaux. Elle est même

évoquée par Jeffrey Smith, fondateur de l'Institute for Responsible Technology 

aux Etats-Unis et auteur de référence dans le monde des OGM avec notamment

son ouvrage Seeds of Deception (littéralement «les semences de la tromperie») publié

en 2003. Menée conjointement par l'Association Nationale pour la Sécurité Génétique

et l'Institut de l'Ecologie et de l'Evolution, cette étude russe a duré deux ans, avec

pour cobayes des hamsters de race Campbell, une race qui possède un taux

de reproduction élevé. Ainsi, le Dr Alexey Surov et son équipe ont nourri pendant

deux ans et d'une manière classique les petits mammifères, à l'exception près que

certains d'entre eux ont été plus ou moins nourris avec du soja OGM

(importé régulièrement en Europe) résistant à un herbicide.

Au départ, quatre groupes de cinq paires (mâles / femelles) ont été constitués:

le premier a été nourri avec des aliments qui ne contenaient pas de soja, le second a,

quant à lui, suivi un régime alimentaire qui comportait du soja conventionnel, le troisième

a été alimenté avec en complément du soja OGM et enfin le quatrième groupe a eu

des plateaux repas dans lesquels la part de soja transgénique était encore plus élevée

que dans ceux du troisième.

 

A la fin de cette première phase, l'ensemble des quatre groupes a eu en tout

140 petits. L'étude s'est poursuivie dans une deuxième phase par la sélection

de nouvelles paires issues de chacun de ces premiers groupes. Et, dans la logique

du déroulement, les nouvelles paires de la deuxième génération ont, elles aussi, eux

des petits, créant de fait la troisième et dernière génération de cobayes.

Ainsi, il y a eu au final 52 naissances parmi les spécimens de troisième génération

qui n'ont pas consommé du tout de soja, 78 parmi ceux qui ont consommé

du soja conventionnel.

 

Mais le troisième groupe, celui qui a été nourri avec du soja OGM, n'a eu que

40 petits, dont 25% sont morts. Et, pire, dans le groupe qui a mangé le plus

de soja génétiquement modifié, une seule femelle a réussi à donner naissance,

soit 16 petits au total, dont 20% sont finalement morts.

 

Ainsi, à la troisième génération, les hamsters qui, pour les besoins de l'étude,

ont eu, dans leur menu, une part importante de soja OGM, n'étaient plus

capables de se reproduire...

 

Mais une autre surprise de taille a été observée: certains de ces hamsters issus

de la troisième génération se sont retrouvés avec des poils ... dans la bouche,

un phénomène d'une extrême rareté.

 

Voici, à ce sujet, les photos publiées par Jeffrey Smith, dans son billet

 

Selon Jeffrey Smith, l'étude du Dr Surov et de son équipe

pourrait bien «déraciner» une industrie qui vaut plusieurs milliards

de dollars. L'affaire est donc à suivre, mais, quoi qu'il en soit, depuis l'introduction

en 1996 dans l'environnement et dans la chaîne alimentaire de produits

agricoles transgéniques (issus de semences dans lesquelles y sont ajoutées un ou

plusieurs gênes étrangers afin de conférer à la plante une propriété spécifique), 

les risques qui y sont liés restent encore très largement inconnus car très

peu observés, faute d'études suffisamment longues et indépendantes, mais aussi  

à cause du refus des semenciers de publier leurs propres études 

(sauf sous la contrainte juridique) pour des raisons de stratégies industrielles

et commerciales.

 

Aussi surprenant que cela puisse paraître, le principe de précaution, dans

ce domaine, semble effectivement illusoire, alors que les incertitudes

scientifiques qui demeurent devraient justement le mettre au cœur

du processus d'évaluation. Et, d'ailleurs, l'on peut même supposer que cette

absence de précaution large et de manque de transparence vis-à-vis du public 

nuisent par la même occasion aux OGM agricoles expérimentaux

(de seconde génération) qui ne peuvent pas être évalués dans

les meilleures conditions puisque ceux qui sont actuellement sur le marché ne

l'ont été que partiellement (voir le proverbe de la «charrue avant les boeufs»...).

 

Car l'ennui, au fond, c'est que nous tous, les consommateurs, sommes au bout

de cette chaîne alimentaire: alors finalement dans l'histoire, qui sont réellement

les cobayes?

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  • : Le blog de Bien Vivre à la Campagne et pour cette année le 8 juillet La Fête du Lac de Marcenay
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