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13 octobre 2017 5 13 /10 /octobre /2017 10:05

LE MONDE ECONOMIE    Par 

 

Les centrales nucléaires françaises sont mal armées pour résister à une attaque terroriste. Et leurs piscines d’entreposage des combustibles usés sont particulièrement vulnérables. C’est l’alerte que lance Greenpeace, dans un rapport commandé à sept experts indépendants de différents pays (France, Allemagne, Royaume-Uni, Etats-Unis). Un risque qu’EDF, qui n’a pas été associée à cette étude, récuse en affirmant que ses installations « sont sûres ».

Le sujet est si sensible que l’ONG a choisi de ne rendre publique qu’une version expurgée de ce document, dont l’intégralité n’a été communiquée, mardi 10 octobre, qu’aux autorités chargées de la défense auprès du premier ministre et du ministre de la transition écologique et solidaire, ainsi qu’au Commandement spécialisé pour la sécurité nucléaire, à l’Autorité de sûreté nucléaire et à l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire.

« La question de la sécurité doit pouvoir être débattue publiquement », justifie Greenpeace. Pour autant, « il ne saurait être question de favoriser la réussite d’une éventuelle attaque en révélant d’éventuelles failles du système ».

Les experts sont partis de la nouvelle donne créée par les attentats du 11 septembre 2001. Ceux-ci ont montré qu’un parc atomique doit pouvoir résister non seulement à une catastrophe naturelle (séisme, inondation ou tempête) ou à une erreur humaine, causes des accidents de Fukushima (2011) et de Tchernobyl (1986), mais aussi à un acte de malveillance.

63 installations particulièrement exposées

Face à cette menace d’un nouveau type, les piscines de combustibles posent « un problème prioritaire », estiment les rapporteurs. Le parc nucléaire hexagonal en compte 58 – une par réacteur –, dans lesquelles sont entreposés, sous eau, les assemblages de combustibles sortis des réacteurs une fois usés. Ils y refroidissent plusieurs années, avant d’être acheminés vers les usines de retraitement d’Areva de...

 

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13 octobre 2017 5 13 /10 /octobre /2017 09:57

En Inde, l'île fluviale de Majuli est menacée depuis des décennies par l'érosion. Pas moins de 71% de sa surface originelle a déjà disparu. C’était sans compter sur Jadav Payeng, un natif de l’île qui en a décidé autrement. En 1979, alors qu'il est âgé de 16 ans, Jadav Payeng commence à planter quotidiennement des arbres, pour que leurs racines fixent et retiennent la terre.

"Je voulais que ces choses de mon enfance reviennent"

"Les choses que j'ai vues enfant sont restées dans mon coeur, témoignait l’homme en 2016. Ma maison, mon village, les fruits, les arbres, les oiseaux... Je les ai dans mon cœur, et je voulais que ces choses de mon enfance reviennent. Alors j'ai construit cette forêt."

Son travail a aujourd'hui donné naissance à une forêt de 550 hectares, fréquentée par des tigres, des rhinocéros, des éléphants... Pour ses efforts, Jadav Payeng a reçu en 2015 la Padma Shri, la 4ème récompense civile du pays. L’homme élargit maintenant sa vision : "Nous devrions mettre en place ceci partout en Inde et dans le monde. C'est nécessaire."

 

 

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13 octobre 2017 5 13 /10 /octobre /2017 09:50

Au cours des dernières décennies, diverses études scientifiques ont mis en évidence une évolution de la fréquence de pathologies, touchant notamment les organes de la reproduction ou encore des altérations de la fertilité. Ainsi, de fortes préoccupations sont exprimées sur l’impact sanitaire potentiel  de substances, présentes dans l’environnement ou dans des produits de consommation, sur le système hormonal. La compréhension du rôle joué par ces substances, dites "perturbateurs endocriniens", leurs modalités d’action, comme la part attribuable de leurs effets dans l’accroissement de ces pathologies, fait l’objet de controverses scientifiques et sociétales. L’Anses réalise des travaux d’évaluation du risque, de veille scientifique et de référence sur les perturbateurs endocriniens. Elle contribue notamment à la Stratégie nationale sur les perturbateurs endocriniens et mène depuis 2009 un travail d’envergure visant une trentaine de substances au regard de leur action potentielle de perturbateur endocrinien. Elle soutient par ailleurs des travaux de recherche dans le cadre de son Programme national de recherche en environnement-santé-travail (PNR-EST).

Que sont les perturbateurs endocriniens ?

La définition des perturbateurs endocriniens  la plus communément admise est celle proposée par l’Organisation mondiale de la santé en 2002 :

"Un perturbateur endocrinien est une substance ou un mélange de substances, qui altère les fonctions du système endocrinien et de ce fait induit des effets néfastes dans un organisme intact, chez sa progéniture ou au sein de (sous)- populations".

"Un perturbateur endocrinien potentiel est une substance ou un mélange exogène, possédant des propriétés susceptibles d’induire une perturbation endocrinienne dans un organisme intact, chez sa progéniture ou au sein de (sous)-populations".

D’où viennent les perturbateurs endocriniens ?

Les perturbateurs endocriniens peuvent être d’origine naturelle (hormones et phytoestrogènes) ou résulter d’activités humaines (contenus dans des objets de consommation courante, dans des produits de traitement des cultures, dans des médicaments ou produits cosmétiques, etc.). Ils peuvent ainsi être présents dans l’environnement du fait d’une contamination de différents milieux (eaux, aliments, air, poussières, produits ou articles de consommation…).

En perturbant le système endocrinien, ces substances peuvent altérer différents processus tels que la production, l’utilisation et le stockage de l’énergie et plus largement la régulation du métabolisme et le développement. Certaines de ces substances peuvent par ailleurs avoir d’autres effets toxiques, notamment sur la reproduction, et nuire à la fertilité ou perturber le développement du fœtus.

Comment les perturbateurs endocriniens agissent-ils ?

Les perturbateurs endocriniens peuvent :

  • mimer l’action d’une hormone naturelle et entrainer ainsi la réponse due à cette h ormone,
  • empêcher une hormone de se fixer à son récepteur et ainsi empêcher la transmission du signal hormonal,
  • perturber la production ou la régulation des hormones ou de leurs récepteurs.

pour en savoir plus: 

 

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13 octobre 2017 5 13 /10 /octobre /2017 09:24

Au terme d’un premier chantier consacré à la répartition de la valeur dans la chaîne alimentaire, le syndicat s’interroge quant à sa participation à la suite des discussions.

LE MONDE ECONOMIE Par

 

Dès le lancement des Etats généraux de l’alimentation organisés, selon elle, dans la précipitation, la Confédération paysanne a exprimé des doutes. Aujourd’hui, ce syndicat agricole s’interroge sur sa participation au second chantier, qui doit se dérouler en octobre et novembre et se pencher sur la question d’une alimentation saine et durable. Il attend pour se prononcer de connaître les orientations du gouvernement qui devraient être exprimées par le président de la République, Emmanuel Macron, le 11 octobre.

 

Pour le premier chantier, consacré à la création et à la répartition de la valeur dans la chaîne alimentaire, « nous avons participé, contribué et investi du temps dans de nombreuses réunions d’ateliers. Qu’y avons-nous trouvé ? Aucun cadre clair et une grande majorité de présidents d’ateliers dès le départ juges et parties, orientant parfois les débats dans leur propre intérêt », estime Nicolas Girod, secrétaire national de la Confédération paysanne, dans une lettre ouverte.

Selon lui, « la FNSEA, l’agro-industrie et la grande distribution ont dès le début fait une contribution commune, centrant le débat sur le seuil de revente à perte et l’encadrement des promotions. D’où une vision étriquée de la situation, crispant les représentants des consommateurs et excluant les non-initiés porteurs pourtant de paroles citoyennes fortes ». Il met d’ailleurs en exergue « la surreprésentation de ces intérêts économiques puissants dans les ateliers au détriment des paroles citoyennes ». Et évoque, face à « la marginalisation des organisations de la société civile », « l’instrumentalisation des débats par les vrais maîtres du jeu, tel M. Leclerc [PDG de l’enseigne du même nom], le dédain affiché sans honte par certains d’entre eux, tel M. Bigard [l’industriel qui domine le marché de la viande en France], l’affirmation de la vision verticale de la FNSEA, qui s’obstine à croire à un esprit de filière ».


En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/economie/article/2017/10/07/la-confederation-paysanne-pointe-les-lacunes-des-etats-generaux-de-l-alimentation_5197678_3234.html#mBF0jACGJwzgvCm6.99

 
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25 mars 2017 6 25 /03 /mars /2017 20:16

25/03/2017  N°3

Sommaire :
1-Des nouvelles du Parc national
2-La vie de BVC : Cr des 2 derniers Conseils d’administration
3-Brèves

1-Des nouvelles du GIP
Notre association a adhéré au GIP (groupement d’intérêt public) du parc national des forêts de Bourgogne et Champagne depuis le mois de février 2017.La Lettre de BVC se fera naturellement et régulièrement l’écho de l’activité de celui-ci.
Résumé des initiatives prises par le GIP entre Janvier et Février 2017
-Protéger la Seine en amont : une priorité
Rencontre des responsables du GIP avec ceux du (nouveau) contrat « Global » Sequana (Syndicat remplaçant le SICEC), afin d’améliorer l’état des milieux aquatiques de l’amont du bassin versant de la Seine (1/3 du territoire)
-Economie, agriculture, Forêts et Territoire : valoriser les filières
Finalisation du foncier agricole impliqué dans les futurs coeurs de Parc afin d’avancer des propositions concrètes de leviers à mettre en place à l’échelle du territoire du GIP.
Rencontre du GIP avec le nouveau directeur territorial Grand Est de l’ONF des Forêts, Jean Pierre Renaud
Restitution du projet étudiant de l’Université Bourgogne, une étude « Lisières du territoire du futur Parc national des forêts de Champagne et Bourgogne » conduite entre octobre et décembre 2016.
Réalisation de diagnostics agricoles portés par Sequana sur la vallée de l’Ource, le GIP animant le dispositif auprès des agriculteurs. Audition par les Directions régionales de l’agriculture, de
l’alimentation et de la Forêt de Bourgogne-Franche-Comté pour répondre à l’appel à projet : Investissement pour l’amont forestier.
Valorisation de l’architecture et du patrimoine portée par la commune d’Arc-en-Barois. A l’initiative de cette commune, établissement en cours d’un diagnostic pour une mise en valeur du patrimoine bâti et des espaces naturels.
Réflexion avec le sous-préfet de Montbard et la préfète de la Région (BFC) pour valoriser la filière bois du Châtillonnais, en présence des acteurs de cette filière.
Participation à la commission économie du projet « LEADER » de la CC du Pays Châtillonnais. Un diagnostic a été établi mettant en évidence forces et faiblesses économiques du Châtillonnais.
A la rencontre directe des habitants et nouveaux outils de communication.
Groupe de travail inter-parcs nationaux pour développer l’outil géomatique qui consiste à organiser, gérer et analyser des données informatiques collectées et de les traduire en cartographie dynamique.
Lancer une nouvelle forme de communication plus directe avec les habitants des communes du futur Parc national. Un questionnaire avait été lancé en 2016 et des réunions organisées pour améliorer le site du Parc : 2000 contributions traitées et forte participation à ces réunions.
Projet de création de voies vertes, en application de la stratégie de « mise en tourisme du futur Parc national », de Grancey-le-Château ou Bricon à Châtillon sur Seine. Rencontre directe avec les propriétaires, exploitants et habitants sur la commune de Leuglay.
 

2-Ce qu’il faut retenir des conseil d’administration de l’association en janvier et février :
Conseil d’administration (CA) du 17 janvier 2017 Nous avons organisé et précisé les règles
des trois groupes de travail : parc national, eau potable et agriculture : chaque membre du CA
s’implique dans un groupe, un appel aux adhérents désireux de renforcer ces groupes sera fait par mail, les réunions du CA seront espacées pour permettre aux groupes de travail de se réunir, chaque pilote de groupe rendra compte en CA de l’activité.
Nous avons beaucoup discuté sur le thème qui serait le plus pertinent pour le troisième groupe
« agriculture » ; c’est finalement le thème « santé, environnement, agriculture » qui a été
retenu car il permet de fédérer un large public : tous les habitants du Châtillonnais sont ainsi
concernés.
Nous avons aussi discuté de la rencontre avortée avec l’exploitant agricole de Cérilly désireux
d’implanter un poulailler industriel et envers lequel l’association a engagé et engage des
procédures contentieuses. Nous avons décidé en CA de lui écrire notre position. Nous craignons qu’à l’exemple des intrants agricoles pour les céréales, nous retrouvions dans quelques années des résidus de produits médicamenteux administrés aux poules, dans les nappes souterraines via l’épandage des fientes. Pour ceux qui le désirent, nous adresserons bien volontiers le texte intégral de notre lettre.
Conseil d’administration (CA) du 11 février 2017
Nous avons acté qui sont les pilotes des groupes de travail :
1) Eau : Odile de Korner et Jocelyne Gueneau
2) Parc national : Annie Chazottes et Simone Comminsoli
3) Agriculture : Etienne Collomb
Suite aux demandes reçues, nous écrirons aux exposants des précédents marchés pour leur dire que nous n’organiserons pas de fête du lac en juillet (le lac est vide).Nous réfléchissons à un événement convivial. Vos idées sont les bienvenues.
Communication : comment mieux faire connaitre l’association et faire venir plus d’adhérents ? Une campagne de distribution de flyers dans des lieux de passage a été organisée. Nous avons moins d’adhérents cette année que l’année dernière à la même date. Avez-vous réglé votre cotisation ? (pour mémoire, la cotisation court de septembre à septembre)
Notre appel à adhérents pour participer aux groupes de travail a été peu fructueux. Nous
relançons notre appel via cette newsletter.
N’hésitez pas à nous rejoindre ! Le prochain CA est prévu le 22 avril : nous ne
manquerions pas de vous en rendre compte
3-Brève : Compte rendu de l’assemblée générale (AG) du futur parc national des forêts
de Champagne et de Bourgogne.
Lors de l’AG du lundi 27 février, la candidature de l’association au sein du troisième collège devait être validée. Pour mémoire, un premier collège est  constitué de représentants de l’Etat et de ses services. Un second réunit les collectivités locales (communes et intercommunalités, départements, régions) et le troisième les acteurs du territoire (monde économique, associatifs, habitants, …).
 Or, ce soir-là, la presse s’en est fait l’écho, une minorité d'agriculteurs et d'opposants au projet
de création du Parc national ont violemment empêché la tenue de l'Assemblée Générale du
Groupement d'intérêt public (GIP) en charge d'animer ce projet. En plus de bloquer cette
instance de débat, des agressions physiques ont été perpétrées sur des membres de l'Assemblée générale qui souhaitaient y participer.
 Nous regrettons que les élus n’aient guère manifesté leur réprobation de tels actes.
L’AG a donc été reportée au 15 mars à Langres (Haute Marne). Les nouvelles candidatures
d’associations ont été validées. Nous rendrons compte dans le prochain numéro.

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12 février 2017 7 12 /02 /février /2017 10:48

Par Olivier Levrault, Envoyé spécial en Côte-d’Or — 9 février 2017 à 19:26

 

Malgré une organisation encore imparfaite, le bois est l’énergie renouvelable la plus utilisée en France. En Côte-d’Or, la filière se professionnalise et parvient à tisser le lien entre la forêt et le chauffage ou le gros œuvre.

L’idée d’utiliser le bois comme énergie est vieille comme l’humanité dès lors qu’elle a maîtrisé le feu. Aujourd’hui encore, à travers le monde et en France aussi, le bois est la première des énergies renouvelables. Il représente 40% du mix énergétique renouvelable, loin devant l’hydraulique (20%), l’éolien (8%) ou le photovoltaïque (3%). Dans l’ambition de la France d’atteindre 23 % d’énergies renouvelables en 2020 (contre 14,9% en 2015), le bois est en première ligne. Malgré cela, la filière française reste souvent mal organisée. Après quelques hivers trop doux et avec le retour du froid comme une bénédiction, l’Office national des forêts (ONF) et le Syndicat des énergies renouvelables (SER) ont organisé une grande démonstration en forêt bourguignonne de ce que peut être la chaîne de la biomasse quand elle est bien gérée.

Rendez-vous donc au «gisement», sur un «chantier sylvicole». Le champ lexical de l’énergie-bois fait davantage penser à celui du bâtiment qu’à une balade champêtre, mais nous voilà bien en forêt. La parcelle, une propriété privée, court le long de l’autoroute A31, à Selongey (Côte-d’Or). Une pelleteuse avec à son extrémité un «grappin-scie» tronçonne puis fagotte des arbres. Il y a les beaux spécimens - des chênes, frênes ou merisiers - marqués d’un liseré rouge et préservés. Tout le reste est arraché.

Charpentes et tonneaux

Ces amas de noisetiers ou de charmes déracinés vont sécher là plusieurs mois. Ces arbres à terre forment le bois-énergie. «Il y a quelques années, ce bois, parce qu’il n’est pas de qualité, n’avait pas d’utilité. Il était perdu et mourait sur place, explique André Voisin, le propriétaire de cette forêt. Aujourd’hui, je le vends pour l’énergie.»

Du doigt, Christophe Chapoulet, directeur d’ONF Energie, indique un beau chêne centenaire encore sur pied, et résume : «Tout le tronc en dessous de la première branche, le fût de l’arbre, c’est le bois d’œuvre» pour construire des charpentes, des meubles ou des tonneaux. «La suite du tronc et les branches principales iront nourrir l’industrie», à condition d’être droits et donc facilement transportables vers les usines de trituration, qui transforment le bois en papier. « Tout le reste, c’est le bois-énergie : les branches tordues, les petites branches.» Mais ce bois mort qui s’abandonne en forêt ne favorise-t-il pas la biodiversité ? Ne permet-il pas, en se décomposant au sol, la préservation de l’écosystème forestier ? «Oui, mais ce qui transmet le plus de minéraux, ce qui donne de la nourriture à tout l’écosystème, ce sont les feuilles et les plus petites branches et ça, on ne le prend pas, assure Christophe Chapoulet. Quand le bois sèche, les feuilles tombent et restent donc en forêt. Elles ne sont de toute façon pas bonnes pour l’énergie, car elles sont pleines d’eau.»

Si la forêt d’André Voisin peut être exploitée, c’est parce qu’il est adhérent, comme 2 800 autres propriétaires, de la Coopérative forestière Bourgogne Limousin (CFBL), qui couvre un territoire de 110 000 hectares. «La forêt privée française est extrêmement morcelée en une multitude de petits propriétaires - plus de 2 millions d’entre eux possèdent moins d’un hectare -, c’est la raison pour laquelle il faut se regrouper et se structurer en coopérative, explique Lionel Say, directeur général de la CFBL. Cela permet de mettre les moyens d’exploitation en commun, d’optimiser les coûts et les flux.»

Dans le cas d’André Voisin, les travaux ne lui coûteront rien. «Ça me rapporte même 250 euros l’hectare»,précise-t-il. D’habitude, pour les petits propriétaires, le choix est vite fait : au prix de la coupe et de la commercialisation, autant laisser la forêt en l’état. Finalement, seul un tiers de l’accroissement naturel annuel de la forêt privée (ce qui pousse en plus chaque année) est exploité, contre 60 % pour les forêts appartenant aux collectivités territoriales et 100% pour la forêt domaniale, propriété de l’Etat. Vu que les parcelles privées couvrent les trois quarts du territoire forestier, «on estime qu’une moitié seulement de l’accroissement naturel total est exploitée», indique Rémi Chabrillat, directeur productions et énergies renouvelables à l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe). «Notre objectif est de passer à 65% de l’accroissement en 2030. Il ne faudra pas aller au-delà, car si la forêt ne continue pas à s’agrandir, la filière n’est plus une énergie renouvelable.» La forêt française s’étale sur presque un tiers du territoire métropolitain, avec 16,5 millions d’hectares.

«Quand on exploite une forêt, on ne la détruit pas», explique Jean-Louis Bal, président du Syndicat des énergies renouvelables (SER). Cyril Le Picard, président de France Biomasse Energie (la commission biomasse du SER), détaille : «Si on ne coupe pas le bois de qualité inférieure, la forêt ne se développe pas bien et les arbres d’avenir, ceux qui donnent de la valeur au terrain, ne poussent pas de manière idéale. Il faut faire des petites éclaircies, des coupes d’améliorations ou parfois des coupes rases.»

Justement, deuxième acte : coupe rase à Villebichot, entre Beaune et Dijon. Sur quelques hectares, la forêt publique, propriété du village, s’est effacée. «L’exploitation de la forêt inquiète la population, admet Pascal Grappin, le maire du village. Les gens se demandent : "Va-t-on avoir assez de bois ?" Alors on leur répète : la forêt s’accroît ! Il est important de le rappeler.» Il souligne que le bois coupé n’ira pas que dans les chaufferies. «On aura d’abord vendu le bois d’œuvre à 150 euros le mètre cube ! Le bois pour l’énergie, c’est résiduel, un petit plus financier.» Auparavant, une partie seulement de cette forêt était utilisée par les habitants, dans leurs cheminées. Depuis 2012, le village le commercialise via un contrat avec ONF Energie. Derrière le maire, une pelleteuse s’occupe des restes des chênes. Sur ce champ de bataille sylvicole, seront plantés dans les prochains mois des chênes sessiles, une autre essence plus adaptée au sol. «Résultat dans 150, 180 ans, s’amuse l’édile. Nous plantons pour les générations futures.»

Confettis

Au loin, une rumeur trouble la quiétude de la forêt bourguignonne. Au plus près, c’est un vacarme, un imposant broyeur qui avale sans discontinuer branches et troncs pour les recracher en confettis. Le cycle du bois-énergie passe par ce déchiquetage impressionnant. Le matériau ainsi broyé est un bien meilleur combustible que la bûche car beaucoup moins humide. Des camions acheminent ensuite ces plaquettes vers des chaufferies biomasse. «Entre la forêt et la chaufferie, il y a en moyenne 70 kilomètres et, de toute façon, au-delà de 150 kilomètres, ce n’est plus rentable», affirme Christophe Chapoulet d’ONF Energie, leader du marché de la plaquette en France. Le bilan carbone de la filière serait «quasi neutre», assure-t-il : «En prenant en compte tous les postes de consommation - coupe du bois, transport… -, l’énergie consommée pour emporter les plaquettes dans la chaufferie est souvent inférieure à 5 % de l’énergie délivrée finalement par le bois.» Et si le bois, lorsqu’il brûle, délivre le CO2 qu’il a stocké toute sa vie, «il en émet aussi lorsqu’il meurt en forêt, par fermentation. Sauf que là, on récupère l’énergie», défend Cyril Le Picard, de FBE.

Fin de circuit

Au sud-est de Dijon, les cheminées rouge et blanche de la chaufferie Dalkia (filiale d’EDF) des Péjoces fument depuis fin 2014. Dehors ou à l’abri d’entrepôts, les plaquettes de bois sèchent et attendent leur tour de chauffe. Dans les foyers des trois chaudières, le bois se consume à 900 degrés et laisse échapper du gaz. La combustion de ce gaz va libérer de l’air chaud. Fin de circuit : l’air chauffe l’eau qui, circulant dans les 49 kilomètres de tuyaux du réseau de chaleur du Grand Dijon, va contribuer à alimenter 28 000 logements en chauffage et eau chaude sanitaire. Aujourd’hui, plus de 7 millions de foyers utilisent le bois comme chauffage principal ou secondaire. En 2020, ils devraient être 9 millions. «L’enjeu est de chauffer plus de monde avec autant de bois, explique Rémi Chabrillat de l’Ademe. Il faut remplacer les vieilles cheminées ou appareils à foyer ouvert, qui ont un rendement énergétique de 10 % à 15 %, par des inserts ou poêles de nouvelle génération labellisés Flamme verte, au rendement de 75 % à 80 %

Mais l’usage individuel n’est pas la meilleure voie pour que l’énergie-bois puisse combler son retard. La filière compte bien plus sur les chaufferies biomasse et les réseaux de chaleur urbains qu’elle veut multiplier. C’est pour cela qu’a été créé le Fonds chaleur, outil géré par l’Ademe depuis 2009, qui a financé plus de 3 000 unités de production de chaleur renouvelable dans le collectif, l’industrie, le secteur agricole ou le tertiaire. Pas négligeable quand on sait que «la chaleur représente 50 % de la consommation d’énergie finale en France», rappelle Jean-Louis Bal, du SER. «Il faut s’intéresser à la chaleur, pas uniquement à l’électricité, si on veut respecter les objectifs 2030. Et accélérer.»Comment ? «Il faut augmenter le bois de construction. Car augmenter ce bois, c’est augmenter les sous-produits pour l’énergie.» Paradoxe : si la récolte du bois destiné à l’énergie a augmenté depuis 2009, celles du bois d’œuvre et d’industrie ont, elles, chuté. Une forêt, deux vitesses.

Olivier Levrault Envoyé spécial en Côte-d’Or

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12 février 2017 7 12 /02 /février /2017 10:09

Doit-on se battre ou s’accorder pour la survie de nos forêts ? La volonté de réaliser un Parc national pour la protection des paysages de Bourgogne et de Champagne séduit ou inquiète. Pour tout savoir, rendez-vous lundi 13 février après le Soir3.

 

 

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28 janvier 2017 6 28 /01 /janvier /2017 12:02
La coopérative bio Germinal ouvrira dans quelques mois un nouveau magasin à Auxerre nord

La coopérative bio Germinal ouvrira dans quelques mois un nouveau magasin à Auxerre nord

Connue de tous les Auxerrois, la coopérative bio Germinal s’agrandit et connaîtra dans quelques mois, sa petite sœur, dans le nord de la ville.

 

La stratégie de développement de la coopérative Germinal n'est pas au point mort, bien au contraire. Elle a des projets plein la tête et semble avoir un futur radieux.

Depuis plus de 40 ans, ce magasin fait le bonheur des amoureux de l'alimentation biologique et a semé sa graine un peu partout dans le département. Preuve de son succès, une nouvelle enseigne va s'ouvrir.

Ouverture d'un quatrième magasin dans le département

« Après Auxerre, Sens et Tonnerre, on a décidé d'ouvrir un quatrième magasin. Cette fois, ce sera à Auxerre nord, dans la Zone artisanale des Bréandes à Perrigny », explique Cyril Aubry, co-directeur, avec Benoît Gaussens, de Germinal. D'une surface de 500 m ², il devrait sortir de terre dans les prochains mois et ouvrir fin septembre, début octobre 2017. L'aventure démarrera avec dix salariés.

L'ouverture d'un second établissement à Auxerre est une évolution logique, « on arrive à saturation au 22 rue Preuilly ». Ce n'est pas seulement pour des raisons techniques que la société garnit son offre. Le bio est en plein boom et Germinal n'échappe pas à la règle : en 2016, la croissance du magasin était de + 15 %.

Un service de bio-bus
à l'étude

« Proposer cette création dans le nord d'Auxerre permet d'étoffer notre public. On va toucher une partie de la population qui demande de l'alimentation biologique et la faire connaître à une autre clientèle », admet Cyril Aubry. À noter que l'offre à Perrigny sera essentiellement conforme à celle du magasin historique. En revanche, afin d'aiguiller les potentiels nouveaux clients et apprendre la pédagogie du bio, une personne sera présente à l'entrée pour « les aider dans leur démarche ».

Ce nouveau magasin n'est pas le seul projet dans les tiroirs de Germinal. Un service inédit est à l'étude : « la création d'un bio-bus. Si on voit que c'est un gouffre financier et qu'on n'obtient pas les aides des collectivités, on abandonnera, mais on a vraiment le souhait d'investir le territoire rural ».

Avec ce bio-bus, le principe serait simple : « organiser une tournée dans les petites communes, pour aller au plus proche de la population en lui proposant une offre très ciblée avec des produits de base ». Pour Cyril Aubry, ce système est écologique : « au lieu d'avoir quinze voitures sur notre parking, on vient chez les clients, sur la place du village ! ».

Des cours de jardinage

Autres projets : « On veut se rapprocher de nos sociétaires en offrant par exemple des cours de jardinage, des sorties pour découvrir la botanique, ou se rendre dans les fermes de nos producteurs locaux, ce sont des idées ». Et ce ne sont pas les seules ! Sur la partie locale, ils souhaiteraient « accompagner certains projets de producteurs dans le passage vers le bio ».

À Germinal, les innovations poussent comme des champignons.

Emma Faury

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28 janvier 2017 6 28 /01 /janvier /2017 09:55

Atrazine, nitrates, pesticides, aluminium : quelle est la qualité de l’eau en France ? Eau potable ou eau de baignade, l’UFC-Que Choisir s’est intéressé à la qualité de l’eau. Enquêtes, études, actualités... découvrez toutes les publications de nos experts.Méthodologie de notre étude

Synthèse réalisée à partir des analyses de l’eau effectuées entre février 2014 et août 2016, sur les 36 568 communes de France métropolitaine, publiées sur le site du ministère de la Santé, pour 50 contaminants et paramètres physico-chimiques.

Les critères étudiés sont classés réglementairement en deux groupes d’importance différente :

  • Les limites de qualité sont les critères les plus importants, pour lesquels des non-respects des normes peuvent être dangereux pour la santé, selon le niveau et la fréquence de dépassement. Il s’agit notamment de critères microbiologiques (Escherichia coli, entérocoques) et de substances toxiques (pesticides, nitrates, plomb, nickel, cuivre, arsenic, solvants chlorés…).
    Pour les critères étant définis comme des limites de qualité, nous avons défini les appréciations suivantes :
    • Qualité de l’eau « Bonne » : moins de 5 % d’analyses non conformes
    • Qualité de l’eau « Satisfaisante » : entre 5 % et 25 % d’analyses non conformes
    • Qualité de l’eau « Médiocre » : entre 25 % et 50 % d’analyses non conformes
    • Qualité de l’eau « Mauvaise » : entre 50 % et 75 % d’analyses non conformes
    • Qualité de l’eau « Très mauvaise » : plus de 75 % d’analyses non conformes
  • Les références de qualité : des dépassements sur ces critères n’ont pas d’impact direct sur la santé, mais ils traduisent notamment des dysfonctionnements du traitement pour rendre l’eau potable (certains critères microbiologiques, présence de chlore ou d’aluminium, eau trouble…). Ils peuvent traduire également les caractéristiques spécifiques de la ressource utilisée pour fabriquer l’eau potable (eau dure/eau douce, eau acide, présence de fer, radioactivité…) qui peuvent être à l’origine d’inconfort ou de désagrément pour le consommateur (eau colorée, entartrage dû à une eau calcaire, corrosion des canalisations et des appareils de chauffage par une eau agressive).
    Pour les critères étant définis comme des références de qualité, nous avons défini les appréciations suivantes :
    • Qualité de l’eau « Bonne » : moins de 25 % d’analyses non conformes
    • Qualité de l’eau « Satisfaisante » : entre 25 % et 50 % d’analyses non conformes
    • Qualité de l’eau « Médiocre» : plus de 50 % d’analyses non conformes

Les non-respects relevés dans le cadre de cette étude se répartissent en quatre grandes catégories :

Des pollutions dues aux activités humaines

La réglementation définit des limites de qualité pour différents polluants résultant d’activités humaines, notamment agricole ou industrielle. Les polluants les plus fréquemment rencontrés dans l’eau du robinet sont d’origine agricole :

  • le risque entraîné par les pesticides est celui d’une exposition sur le long terme ou à des stades cruciaux du développement de l’organisme, à des doses très faibles mais répétitives et avec des interactions possibles entre différents pesticides. Les risques suspectés, sans qu’ils aient pu être formellement démontrés à ce jour, pourraient être notamment des cancers (leucémies, entre autres), des troubles du système nerveux ainsi que des troubles de la reproduction.
  • les teneurs excessives en nitrates dans l’alimentation sont susceptibles de faire courir des risques de méthémoglobinémie (syndrome du bébé bleu) chez les nourrissons. En effet, les nitrates, transformés dans l’organisme en nitrites, peuvent, par la modification des propriétés de l’hémoglobine du sang, empêcher un transport correct de l’oxygène par les globules rouges. Toutefois, aucun cas de méthémoglobinémie lié à l’eau d’alimentation n’est recensé aujourd’hui en France. Plus généralement, la présence de nitrates dans l’eau potable est un indicateur de pollution d’origine agricole, qui peut s’accompagner de la présence d’autres polluants tels que des pesticides.
Des composants des canalisations

La réglementation définit des limites de qualité sur certains des composants des canalisations pouvant migrer dans l’eau. Pour la recherche de ces polluants, le prélèvement de l’eau se fait fréquemment au robinet des consommateurs. Par conséquent, leur présence dans une analyse ne signifie en aucun cas que cette pollution affecte l’ensemble du réseau ou de la ville, car elle peut ne concerner par exemple que certains branchements du réseau, certains immeubles ou logements.

  • le plomb est toxique et son ingestion à faibles doses mais répétées est à l’origine du saturnisme, une maladie touchant les enfants qui se manifeste par de l’anémie, un retard de développement intellectuel, des troubles neurologiques, digestifs et rénaux. Pendant longtemps, il a été utilisé pour la réalisation de canalisations. Bien qu’il soit désormais interdit, il peut encore subsister dans certains branchements publics ou privés, dans des soudures au plomb ou encore dans les colonnes montantes des immeubles anciens. Les canalisations en plomb doivent donc impérativement être remplacées.
  • le nickel est toxique notamment pour les reins. Sa présence est généralement due à son utilisation en plomberie (tuyaux, raccords, robinets).
  • une exposition au cuivre à long terme est susceptible de provoquer des irritations du nez, de la bouche ou des yeux. Sa présence dans l’eau provient de la corrosion des canalisations, notamment par des eaux agressives (trop douces).
  • le chlorure de vinyle est classé cancérogène certain pour l’homme et constitue un facteur de risque pour le cancer du foie. C’est un composant du PVC utilisé pour les canalisations. Sa présence dans l’eau est due à certains PVC de mauvaise qualité utilisés avant les années 1980.
Des défauts de traitement de l’eau

Ces contaminations peuvent être dues à un défaut de surveillance ou à une vétusté des installations de traitement et de distribution de l’eau. Elles sont plus fréquemment rencontrées dans des communes rurales ou de montagne. Selon l’importance de ces critères, la réglementation a défini des limites ou des références de qualité.

Limites de qualité :

  • qualité microbiologique : c’est l’exigence première pour qu’une eau soit considérée comme potable. La réglementation définit d’une part des limites de qualité qui ne doivent pas être dépassées pour les germes susceptibles de causer des problèmes de santé tels que des troubles intestinaux ou des infections localisées (Escherichia coli et entérocoques) et d’autre part des références de qualité pour les germes qui, sans être pathogènes, signalent une défaillance dans le traitement de l’eau ou dans le réseau (bactéries coliformes, bactéries sulfitoréductrices).
  • les bromates sont des sels du brome, un élément chimique très toxique pour les organismes aquatiques. Les bromates seraient susceptibles d’être à l’origine de cancers des reins. Ils peuvent apparaître lors du processus de potabilisation de l’eau, soit lorsqu’une eau contenant déjà du brome est désinfectée à l’ozone, soit parce que l’eau de Javel en contient.

Références de qualité :

  • chlore : il s’agit des chlorites formés lors de l'utilisation de chlore pour la désinfection de l'eau potable.
  • les matières organiques sont issues du lessivage des sols ou des rejets agricoles et urbains. Elles peuvent engendrer un développement microbien, d’algues ou de champignons ou encore être à l’origine de mauvais goûts.
  • la présence d’aluminium peut être d’origine naturelle, mais le plus souvent, elle résulte de l’ajout volontaire de sels d’aluminium utilisés pour rendre limpides des eaux naturellement troubles.
Des caractéristiques d’origine naturelle

Certaines caractéristiques de l’eau potable sont d’origine naturelle et propres aux eaux brutes (rivière ou nappes phréatiques) utilisées pour la fabrication de l’eau potable. Selon l’importance de ces critères, la réglementation a défini des limites ou des références de qualité.

Limites de qualité :

  • la présence d’arsenic dans l’eau est essentiellement d’origine naturelle, car celui-ci est présent dans les roches anciennes ou volcaniques (Massif central, Vosges...). L'arsenic est toxique par effet cumulatif, il peut entraîner des cancers de la peau et des cancers internes.
  • le sélénium : c’est un composant des roches profondes dont la présence dans les eaux révèle l’épuisement des nappes phréatiques du fait d’une surutilisation, notamment agricole. Bien que ce composé soit toxique, ses conséquences sur la santé sont à ce jour mal évaluées compte tenu des faibles niveaux auxquels est exposée la population française.

Référence de qualité :

  • la minéralisation de l’eau traduit la richesse de l’eau en sels minéraux d’origine naturelle. Une eau faiblement minéralisée (également appelée douce) peut être corrosive pour les canalisations et les appareils de chauffage et entraîner une dissolution des métaux toxiques comme le plomb. Si cette eau est en outre acide, elle est alors considérée comme agressive car elle peut attaquer les canalisations (plomb, cuivre, zinc). À l’inverse, une eau trop minéralisée (souvent appelée « calcaire » ou « eau dure ») peut être à l'origine de dépôts et d’entartrage.
  • eau acide/eau alcaline : ce paramètre est directement lié à la nature du sous-sol. En régions granitiques les eaux sont acides, alors qu’en régions calcaires elles sont alcalines. Une eau à la fois acide et peu minéralisée est considérée comme agressive (voir point précédent).
  • le manganèse est naturellement présent dans les roches au contact de l’eau. Il ne semble pas présenter de toxicité, en revanche il peut donner une coloration et un goût métallique à l’eau.
  • la présence de fer dans l’eau est majoritairement d’origine naturelle lorsqu’il est présent dans les roches. Dans certains cas, sa présence peut être due à la corrosion des canalisations. Il ne présente pas de toxicité, par contre il peut être à l’origine de colorations de l’eau ou de goûts désagréables.
  • la radioactivité de l’eau est due à la présence, dans certaines régions, d’un sous-sol granitique riche en composés radioactifs naturellement présents dans les roches. Elle est faible par rapport aux autres sources de radiations naturelles (rayonnements du sous-sol, de l’air ambiant ou rayonnements cosmiques). Les études épidémiologiques menées à ce jour n’ont pas permis d’établir de lien entre l’eau de boisson et les cancers du système digestif ou d’autres organes. Par application du principe de précaution, il est cependant recommandé de limiter cette contamination.

Pour la liste complète des paramètres étudiés, voir le glossaire.

Les bons gestes pour les consommateurs

Laissez couler l’eau quelques instants avant de la boire. Dans le cas où l’odeur est marquée, il suffit de laisser l’eau s’aérer, par exemple dans une carafe ouverte.

Lorsque la concentration en nitrates est comprise entre 50 et 100 mg/l, l’eau ne doit pas être consommée par les femmes enceintes et les nourrissons. Si elle est égale ou supérieure à 100 mg/l, l’eau ne doit être utilisée pour aucun usage alimentaire.

Lorsque l’eau est très alcaline (pH supérieur à 9), il est déconseillé de l’utiliser pour la toilette, car elle peut être irritante pour l’œil ou la peau.

Notes

(1) Critères mesurables définis par l’arrêté du 11 janvier 2007 relatif aux limites et références de qualité des eaux brutes et des eaux destinées à la consommation humaine mentionnées aux articles R. 1321-2, R. 1321-3, R. 1321-7 et R. 1321-38 du code de la santé publique.
 
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28 janvier 2017 6 28 /01 /janvier /2017 09:48

par Christophe Noisette

Les Faucheurs volontaires mènent une action globale, cohérente, depuis près de 15 ans. L’opposition des Faucheurs volontaires aux plantes génétiquement modifiées (PGM) ne se limite pas à la destruction des cultures. Certes, ce mouvement a détruit des parcelles de plantes transgéniques et mutées, mais il a aussi questionné les importations de soja génétiquement modifié dans les ports français, la pertinence de développer des variétés mutées tolérantes aux herbicides (VrTH) ou les choix de la recherche tant privée que publique en matière de développement agricole. La dernière action a eu lieu le 28 novembre 2016 en Côte d’Or : destruction de trois parcelles de colza génétiquement modifié par mutagénèse pour tolérer des herbicides.

Plantes mutées ou VrTH

Genius : une recherche contestée

Importation de soja OGM

28 novembre 2016, à Longvic, près de Dijon (Côte d’Or), 70 Faucheurs Volontaires ont « neutralisé » trois parcelles de colza rendu tolérant à des herbicides (VrTH) par mutagénèse. Ces essais étaient menés par le groupe agricole et agroalimentaire de Bourgogne Franche-Comté, Dijon Céréales [1]. Les Faucheurs ont ensuite livré quelques plants arrachés au siège de Dijon Céréales qui conteste la nature "OGM" de ce colza muté alors que la directive 2001/18 considère cette technique comme OGM mais l’exclut du champ d’application. La Fédération départementale des syndicats d’exploitants agricoles (FDSEA) 21 et les Jeunes agriculteurs (JA) 21 ont immédiatement réagi : « Alors que la situation économique des agriculteurs côte d’oriens est catastrophique, il est inacceptable que des individus, ne représentant qu’eux-mêmes, se permettent de tels actes de vandalisme, qui constituent une véritable atteinte à la propriété privée. (…) Ces parcelles d’essais permettent de progresser dans la réduction de l’utilisation des produits phytopharmaceutiques ». La meilleure façon de réduire les herbicides est-elle de créer des variétés spécifiquement conçues pour les « tolérer » » ? L’agriculture, estiment les Faucheurs, peut se passer entièrement de ces produits toxiques.

Les actions de désobéissance civile menées par les Faucheurs volontaires pour dénoncer les tournesols ou colzas, issus d’une mutagénèse pour les rendre tolérant aux herbicides, restent d’actualité. Pour ces opposants, ces « OGM cachés » présentent exactement les mêmes inconvénients et faiblesses que les plantes transgéniques.

Si la technique d’intervention sur le génome change, l’objectif, lui – rendre des plantes tolérantes à des herbicides – est identique. Or, estiment les opposants, cet objectif n’est pas pertinent dans un contexte agronomique et social de réduction des intrants chimiques. Ce que contredit le Centre technique interprofessionnel des oléagineux et du chanvre (Cetiom) : dans son communiqué de presse, il affirme en effet que « les expérimentations détruites entrent pleinement dans les objectifs du plan Ecophyto qui vise à réduire et raisonner le recours aux produits phytosanitaires. Ainsi, ces essais permettaient aussi de tester de nouvelles techniques de contrôle des mauvaises herbes avec l’introduction de solutions de désherbage mécanique ». André Merrien, directeur des études et recherches au Cetiom, affirme que ces colzas mutés permettent de diviser par dix les quantités d’herbicides utilisées.

Il est toujours curieux de voir que les mêmes arguments sont utilisés pour justifier chaque nouvelle « innovation technologique ». Les plantes génétiquement modifiées (PGM) transgéniques tolérant le Roundup étaient, elles aussi, censées réduire l’usage des pulvérisations. La réalité sur le continent américain est toute autre : la quantité d’herbicides pulvérisée n’a cessé d’augmenter, tout comme le nombre d’adventices ayant acquis la « tolérance » au glyphosate.

« Qui veut tuer son chien l’accuse de la rage ». Céline Imart, jeune agricultrice qui, dans une conférence filmée, prétend démonter les idées reçues sur l’agriculture, ne procède pas différemment par rapport à l’action des Faucheurs volontaires. Cette dernière affirme avec aplomb, quoique dans un français approximatif, que « les Faucheurs, ils le savent très bien - s’ils ne le savent pas c’est dramatique - que pour empêcher les OGM en France c’est pas de faucher des parcelles de la recherche publique qu’il faudrait faire mais plutôt d’aller bloquer les ports ». Soit c’est elle qui ne le sait pas très bien et alors c’est grave de parler en public de choses qu’on ne maîtrise pas, soit elle organise, à dessein, la confusion. En effet, l’action des Faucheurs volontaires est cohérente : elle vise autant les cultures, les importations que la gouvernance de la recherche publique.

2 août 2016, à Elne, près de Perpignan (Pyrénées orientales), des Faucheurs volontaires ont détruit trois hectares de tournesol rendu tolérant à un herbicide par mutagénèse (VrTH). « Depuis 2013, l’entreprise Nidera loue des terres aux agriculteurs pour y cultiver des semences de tournesols (...). Dès le printemps 2013, différentes entités opposées aux VrTH ont alerté les autorités sur la caractère nocif de ces cultures : réunions avec la Chambre d’Agriculture, le GNIS, le Conseil Général, les responsables locaux de Nidera. La population a été invitée à manifester son opposition, en plantant des graines de tournesols bio : 3000 sachets de graines ont été distribués. Malgré cela, les Faucheurs Volontaires constatent la persistance de cultures de semences de tournesols, dans l’opacité la plus totale », peut-on lire dans le communiqué de presse des Faucheurs volontaires.

Le 4 avril 2015, à la Pouëze (entre Angers et Segré), dans le Maine-et-Loire, des Faucheurs volontaires ont détruit une parcelle d’un hectare d’essais de colza rendu tolérant à un herbicide par mutagenèse, parcelle utilisée par le Groupe d’Étude et de contrôle des Variétés et des Semences (GEVES) qui est en charge de l’inscription au catalogue des nouvelles variétés commerciales.

En juillet 2014, à Longvic, en Côte d’Or, une vingtaine de Faucheurs volontaires se sont rendus sur le site de Dijon Céréales pour dénoncer l’utilisation d’un colza muté rendu tolérant à un herbicide. Le colza Clearfield a été ensemencé sur une cinquantaine d’hectares chez Dijon Céréales, précise la coopérative. Pour elle, ce colza muté répond « à des problématiques bien particulières, à savoir le développement des adventices difficiles voire impossibles à contrôler avec les moyens de lutte actuels. Ces impasses techniques auraient fini par avoir pour conséquence de limiter la culture du colza. » Ce discours ne convainc ni les Faucheurs ni les agriculteurs biologiques qui, eux, souhaitent cultiver sans intrants chimiques et considèrent que d’autres pratiques agronomiques permettent d’obtenir des résultats similaires. Le Cetiom lui-même le reconnaît : Gilles Sauzet explique sur le site Agriculture de conservation [2] que le semis direct permet de réduire la présence d’adventices. Il ajoute que dans certains cas, « sur ces grandes parcelles, on fait du colza sans désherbage depuis trois ans, avec un potentiel au moins égal... C’est fiable dans la mesure où l’on implante tôt en semis direct à très faible vitesse ».

Le même jour, des membres de la Confédération paysanne, du Groupement d’agriculture biologique 49 et du Civam s’étaient réunis devant les locaux de la coopérative agricole de Pays de Loire (CAPL), à Thouarcé, dans le Maine-et-Loire : ils contestaient la présence dans le catalogue de la coopérative d’un colza muté rendu tolérant aux herbicides, le colza Veritas CL, un OGM caché... Porte-parole des manifestants, Julien Rousselot a voulu souligner que la coopérative « a un rôle d’informations à jouer auprès de ses adhérents, en tant qu’acteur de la filière ». Ainsi, les militants demandent que soit organisé un débat entre tous les adhérents de la coopérative.

En juin 2014, en Haute Garonne, sur la commune d’Ox, des militants avaient prévu de manifester contre des parcelles de démonstration de colza Clearfield. Mais l’action a été avortée à cause de la présence des gendarmes. Quelques militants de la FDSEA étaient aussi présents, ce qui a entraîné une joute verbale sans surprise entre les deux camps : d’un côté, les plantes mutées sont une « fuite en avant scientiste » qui ne permettront pas de relever les défis alimentaires ; de l’autre, sans « ces semences à la pointe du progrès », l’agriculture française va perdre en compétitivité et « ce seront les agriculteurs américains ou asiatiques qui deviendront les maîtres de la nourriture mondiale ».

Mais les Faucheurs n’avaient pas dit leur dernier mot. Le dimanche 15 juin, ils sont retournés à Ox et ont « neutralisé neuf parcelles de Colza Génétiquement Modifié pour résister en post-levée à des herbicides habituellement utilisés sur céréales ». Ils continuent de réclamer que « ces OGM cachés soient traités avec les mêmes obligations que ceux issus de la transgenèse ». Ils appellent "les agriculteurs à ne pas céder aux mirages scientistes qui ne tiennent aucun compte de la capacité de réaction de la nature à s’adapter en développant systématiquement des résistances aux pesticides (herbicides, fongicides, insecticides, antibiotiques …) ». Pour les Faucheurs, « seules de bonnes pratiques agronomiques peuvent maintenir à un niveau acceptable les adventices et ravageurs sur le long terme ».

Dialogue de sourds : le 30 juin 2014, le ministre de l’Agriculture, Stéphane le Foll, a encore précisé sur RTL qu’ « il n’y a pas d’OGM cachés : ce sont des mutations de gènes sans qu’il y ait de gènes rapportés ». Pas d’apport de gènes, tous en conviennent, mais "OGM cachés", car c’est la directive européenne 2001/18 elle-même qui stipule que la mutagénèse produit des OGM.

Dans la nuit du 19 au 20 mai 2014, à Savarit près de Surgères, en Charente Maritime, c’est un peu plus d’un hectare de colzas mutés qui a été détruit. Il s’agissait d’une autre plateforme d’essais menée par le Cetiom qui devait, le 20 mai, organiser une visite de terrain. Dans son communiqué [3], le Cetiom souligne que ces essais s’inscrivent « dans l’agro-écologie » : « en associant au colza des couverts de légumineuses, le Cetiom cherchait à limiter l’impact des aléas climatiques (…) et réduire l’utilisation de pesticides ». Ainsi, poursuit-il, la mutagenèse « bénéficie (...) aussi bien à l’agriculture biologique que conventionnelle ». Cette communication est choquante : l’agriculture biologique interdit l’usage des herbicides de synthèse. Or ces colzas ont été génétiquement mutés afin, précisément, de tolérer ces herbicides interdits. Et si les associations de culture et les semis sous couvert sont en effet des solutions techniques intéressantes, elles n’imposent aucunement l’utilisation d’herbicides, comme l’a montré le Cetiom lui-même [4].

Le 3 avril, à Angoulême, en Charente, le « Collectif vigilance OGM et pesticide » et la Confédération paysanne ont manifesté, avec des bouquets à la main, devant les locaux de la Direction départementale du Territoire (DDT) pour dénoncer les cultures de colza génétiquement modifié par mutagénèse. Les manifestants ont demandé à son directeur de faire remonter leurs revendications aux ministères de l’Agriculture et de l’Environnement. La culture du colza muté est considérée légalement comme une culture conventionnelle : donc aucune évaluation, déclaration ou étiquetage ne sont prévus. Le collectif estime à 17 000 le nombre d’hectares cultivés en France en 2014. Le colza est une plante qui possède de nombreux cousins, sauvages ou cultivés, comme la moutarde ou les navets. Les risques de croisements, et donc de dissémination de la « tolérance » aux herbicides, sont grands. « Ce serait une catastrophe écologique » affirment les manifestants.

Le 2 avril 2014, à Fontenoy-sur-Moselle, en Meurthe et Moselle [5], les Faucheurs Volontaires ont « neutralisé » une plate-forme d’essais de colzas tolérant des herbicides. Pour eux, le Cetiom cherchait, avec ces essais en champs, à « vulgariser » cette technique auprès des agriculteurs. Le Cétiom a qualifié cet acte « d’aveugle, incompréhensible et inacceptable ». Le Cétiom affirme : « Cette technique bénéficie pourtant aussi bien à l’agriculture biologique que conventionnelle. Elle est utilisée depuis plus de 50 ans et a été largement développée par la recherche publique comme l’Inra ». Si la technique est effectivement vieille de 50 ans, les VrTH n’ont été cultivées massivement à grande échelle que depuis peu.
Le Cetiom a porté plainte et une première personne a été interrogée par la Gendarmerie. Traditionnellement, les Faucheurs remettent aux gendarmes la liste des participants. Ils avaient omis de le faire pour cette action. Le Cetiom a alors gentiment demandé cette liste et le 9 janvier 2016, une liste d’une cinquantaine de personnes a été remise à la gendarmerie de Vienne (Isère). Les Faucheurs en ont profité pour, à nouveau, souligner que les nouvelles techniques de modification du vivant « risquent de ne pas être reconnues comme produisant des OGM par la Commission européenne qui doit leur donner sur un statut juridique dans les mois qui viennent », selon Annick Bossu, citée par Reporterre [6].

Plantes mutées ou VrTH

Genius : une recherche contestée

Importation de soja OGM

28 novembre 2016, à Longvic, près de Dijon (Côte d’Or), 70 Faucheurs Volontaires ont « neutralisé » trois parcelles de colza rendu tolérant à des herbicides (VrTH) par mutagénèse. Ces essais étaient menés par le groupe agricole et agroalimentaire de Bourgogne Franche-Comté, Dijon Céréales [1]. Les Faucheurs ont ensuite livré quelques plants arrachés au siège de Dijon Céréales qui conteste la nature "OGM" de ce colza muté alors que la directive 2001/18 considère cette technique comme OGM mais l’exclut du champ d’application. La Fédération départementale des syndicats d’exploitants agricoles (FDSEA) 21 et les Jeunes agriculteurs (JA) 21 ont immédiatement réagi : « Alors que la situation économique des agriculteurs côte d’oriens est catastrophique, il est inacceptable que des individus, ne représentant qu’eux-mêmes, se permettent de tels actes de vandalisme, qui constituent une véritable atteinte à la propriété privée. (…) Ces parcelles d’essais permettent de progresser dans la réduction de l’utilisation des produits phytopharmaceutiques ». La meilleure façon de réduire les herbicides est-elle de créer des variétés spécifiquement conçues pour les « tolérer » » ? L’agriculture, estiment les Faucheurs, peut se passer entièrement de ces produits toxiques.

Les actions de désobéissance civile menées par les Faucheurs volontaires pour dénoncer les tournesols ou colzas, issus d’une mutagénèse pour les rendre tolérant aux herbicides, restent d’actualité. Pour ces opposants, ces « OGM cachés » présentent exactement les mêmes inconvénients et faiblesses que les plantes transgéniques.

Si la technique d’intervention sur le génome change, l’objectif, lui – rendre des plantes tolérantes à des herbicides – est identique. Or, estiment les opposants, cet objectif n’est pas pertinent dans un contexte agronomique et social de réduction des intrants chimiques. Ce que contredit le Centre technique interprofessionnel des oléagineux et du chanvre (Cetiom) : dans son communiqué de presse, il affirme en effet que « les expérimentations détruites entrent pleinement dans les objectifs du plan Ecophyto qui vise à réduire et raisonner le recours aux produits phytosanitaires. Ainsi, ces essais permettaient aussi de tester de nouvelles techniques de contrôle des mauvaises herbes avec l’introduction de solutions de désherbage mécanique ». André Merrien, directeur des études et recherches au Cetiom, affirme que ces colzas mutés permettent de diviser par dix les quantités d’herbicides utilisées.

Il est toujours curieux de voir que les mêmes arguments sont utilisés pour justifier chaque nouvelle « innovation technologique ». Les plantes génétiquement modifiées (PGM) transgéniques tolérant le Roundup étaient, elles aussi, censées réduire l’usage des pulvérisations. La réalité sur le continent américain est toute autre : la quantité d’herbicides pulvérisée n’a cessé d’augmenter, tout comme le nombre d’adventices ayant acquis la « tolérance » au glyphosate.

« Qui veut tuer son chien l’accuse de la rage ». Céline Imart, jeune agricultrice qui, dans une conférence filmée, prétend démonter les idées reçues sur l’agriculture, ne procède pas différemment par rapport à l’action des Faucheurs volontaires. Cette dernière affirme avec aplomb, quoique dans un français approximatif, que « les Faucheurs, ils le savent très bien - s’ils ne le savent pas c’est dramatique - que pour empêcher les OGM en France c’est pas de faucher des parcelles de la recherche publique qu’il faudrait faire mais plutôt d’aller bloquer les ports ». Soit c’est elle qui ne le sait pas très bien et alors c’est grave de parler en public de choses qu’on ne maîtrise pas, soit elle organise, à dessein, la confusion. En effet, l’action des Faucheurs volontaires est cohérente : elle vise autant les cultures, les importations que la gouvernance de la recherche publique.

2 août 2016, à Elne, près de Perpignan (Pyrénées orientales), des Faucheurs volontaires ont détruit trois hectares de tournesol rendu tolérant à un herbicide par mutagénèse (VrTH). « Depuis 2013, l’entreprise Nidera loue des terres aux agriculteurs pour y cultiver des semences de tournesols (...). Dès le printemps 2013, différentes entités opposées aux VrTH ont alerté les autorités sur la caractère nocif de ces cultures : réunions avec la Chambre d’Agriculture, le GNIS, le Conseil Général, les responsables locaux de Nidera. La population a été invitée à manifester son opposition, en plantant des graines de tournesols bio : 3000 sachets de graines ont été distribués. Malgré cela, les Faucheurs Volontaires constatent la persistance de cultures de semences de tournesols, dans l’opacité la plus totale », peut-on lire dans le communiqué de presse des Faucheurs volontaires.

Le 4 avril 2015, à la Pouëze (entre Angers et Segré), dans le Maine-et-Loire, des Faucheurs volontaires ont détruit une parcelle d’un hectare d’essais de colza rendu tolérant à un herbicide par mutagenèse, parcelle utilisée par le Groupe d’Étude et de contrôle des Variétés et des Semences (GEVES) qui est en charge de l’inscription au catalogue des nouvelles variétés commerciales.

En juillet 2014, à Longvic, en Côte d’Or, une vingtaine de Faucheurs volontaires se sont rendus sur le site de Dijon Céréales pour dénoncer l’utilisation d’un colza muté rendu tolérant à un herbicide. Le colza Clearfield a été ensemencé sur une cinquantaine d’hectares chez Dijon Céréales, précise la coopérative. Pour elle, ce colza muté répond « à des problématiques bien particulières, à savoir le développement des adventices difficiles voire impossibles à contrôler avec les moyens de lutte actuels. Ces impasses techniques auraient fini par avoir pour conséquence de limiter la culture du colza. » Ce discours ne convainc ni les Faucheurs ni les agriculteurs biologiques qui, eux, souhaitent cultiver sans intrants chimiques et considèrent que d’autres pratiques agronomiques permettent d’obtenir des résultats similaires. Le Cetiom lui-même le reconnaît : Gilles Sauzet explique sur le site Agriculture de conservation [2] que le semis direct permet de réduire la présence d’adventices. Il ajoute que dans certains cas, « sur ces grandes parcelles, on fait du colza sans désherbage depuis trois ans, avec un potentiel au moins égal... C’est fiable dans la mesure où l’on implante tôt en semis direct à très faible vitesse ».

Le même jour, des membres de la Confédération paysanne, du Groupement d’agriculture biologique 49 et du Civam s’étaient réunis devant les locaux de la coopérative agricole de Pays de Loire (CAPL), à Thouarcé, dans le Maine-et-Loire : ils contestaient la présence dans le catalogue de la coopérative d’un colza muté rendu tolérant aux herbicides, le colza Veritas CL, un OGM caché... Porte-parole des manifestants, Julien Rousselot a voulu souligner que la coopérative « a un rôle d’informations à jouer auprès de ses adhérents, en tant qu’acteur de la filière ». Ainsi, les militants demandent que soit organisé un débat entre tous les adhérents de la coopérative.

En juin 2014, en Haute Garonne, sur la commune d’Ox, des militants avaient prévu de manifester contre des parcelles de démonstration de colza Clearfield. Mais l’action a été avortée à cause de la présence des gendarmes. Quelques militants de la FDSEA étaient aussi présents, ce qui a entraîné une joute verbale sans surprise entre les deux camps : d’un côté, les plantes mutées sont une « fuite en avant scientiste » qui ne permettront pas de relever les défis alimentaires ; de l’autre, sans « ces semences à la pointe du progrès », l’agriculture française va perdre en compétitivité et « ce seront les agriculteurs américains ou asiatiques qui deviendront les maîtres de la nourriture mondiale ».

Mais les Faucheurs n’avaient pas dit leur dernier mot. Le dimanche 15 juin, ils sont retournés à Ox et ont « neutralisé neuf parcelles de Colza Génétiquement Modifié pour résister en post-levée à des herbicides habituellement utilisés sur céréales ». Ils continuent de réclamer que « ces OGM cachés soient traités avec les mêmes obligations que ceux issus de la transgenèse ». Ils appellent "les agriculteurs à ne pas céder aux mirages scientistes qui ne tiennent aucun compte de la capacité de réaction de la nature à s’adapter en développant systématiquement des résistances aux pesticides (herbicides, fongicides, insecticides, antibiotiques …) ». Pour les Faucheurs, « seules de bonnes pratiques agronomiques peuvent maintenir à un niveau acceptable les adventices et ravageurs sur le long terme ».

Dialogue de sourds : le 30 juin 2014, le ministre de l’Agriculture, Stéphane le Foll, a encore précisé sur RTL qu’ « il n’y a pas d’OGM cachés : ce sont des mutations de gènes sans qu’il y ait de gènes rapportés ». Pas d’apport de gènes, tous en conviennent, mais "OGM cachés", car c’est la directive européenne 2001/18 elle-même qui stipule que la mutagénèse produit des OGM.

Dans la nuit du 19 au 20 mai 2014, à Savarit près de Surgères, en Charente Maritime, c’est un peu plus d’un hectare de colzas mutés qui a été détruit. Il s’agissait d’une autre plateforme d’essais menée par le Cetiom qui devait, le 20 mai, organiser une visite de terrain. Dans son communiqué [3], le Cetiom souligne que ces essais s’inscrivent « dans l’agro-écologie » : « en associant au colza des couverts de légumineuses, le Cetiom cherchait à limiter l’impact des aléas climatiques (…) et réduire l’utilisation de pesticides ». Ainsi, poursuit-il, la mutagenèse « bénéficie (...) aussi bien à l’agriculture biologique que conventionnelle ». Cette communication est choquante : l’agriculture biologique interdit l’usage des herbicides de synthèse. Or ces colzas ont été génétiquement mutés afin, précisément, de tolérer ces herbicides interdits. Et si les associations de culture et les semis sous couvert sont en effet des solutions techniques intéressantes, elles n’imposent aucunement l’utilisation d’herbicides, comme l’a montré le Cetiom lui-même [4].

Le 3 avril, à Angoulême, en Charente, le « Collectif vigilance OGM et pesticide » et la Confédération paysanne ont manifesté, avec des bouquets à la main, devant les locaux de la Direction départementale du Territoire (DDT) pour dénoncer les cultures de colza génétiquement modifié par mutagénèse. Les manifestants ont demandé à son directeur de faire remonter leurs revendications aux ministères de l’Agriculture et de l’Environnement. La culture du colza muté est considérée légalement comme une culture conventionnelle : donc aucune évaluation, déclaration ou étiquetage ne sont prévus. Le collectif estime à 17 000 le nombre d’hectares cultivés en France en 2014. Le colza est une plante qui possède de nombreux cousins, sauvages ou cultivés, comme la moutarde ou les navets. Les risques de croisements, et donc de dissémination de la « tolérance » aux herbicides, sont grands. « Ce serait une catastrophe écologique » affirment les manifestants.

Le 2 avril 2014, à Fontenoy-sur-Moselle, en Meurthe et Moselle [5], les Faucheurs Volontaires ont « neutralisé » une plate-forme d’essais de colzas tolérant des herbicides. Pour eux, le Cetiom cherchait, avec ces essais en champs, à « vulgariser » cette technique auprès des agriculteurs. Le Cétiom a qualifié cet acte « d’aveugle, incompréhensible et inacceptable ». Le Cétiom affirme : « Cette technique bénéficie pourtant aussi bien à l’agriculture biologique que conventionnelle. Elle est utilisée depuis plus de 50 ans et a été largement développée par la recherche publique comme l’Inra ». Si la technique est effectivement vieille de 50 ans, les VrTH n’ont été cultivées massivement à grande échelle que depuis peu.
Le Cetiom a porté plainte et une première personne a été interrogée par la Gendarmerie. Traditionnellement, les Faucheurs remettent aux gendarmes la liste des participants. Ils avaient omis de le faire pour cette action. Le Cetiom a alors gentiment demandé cette liste et le 9 janvier 2016, une liste d’une cinquantaine de personnes a été remise à la gendarmerie de Vienne (Isère). Les Faucheurs en ont profité pour, à nouveau, souligner que les nouvelles techniques de modification du vivant « risquent de ne pas être reconnues comme produisant des OGM par la Commission européenne qui doit leur donner sur un statut juridique dans les mois qui viennent », selon Annick Bossu, citée par Reporterre [6].

 

 

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